Tunisie : Dorémail, l’orfèvre du carreau céramique (1)

stand-doremail1.jpgPetit par la taille, grande par la créativité. En créant, avec son épouse Dordana, en 1984, Dorémail, Mohamed Masmoudi n’envisageait pas d’en faire un mastodonte de l’industrie de la céramique. Vingt-cinq ans plus tard, cette entreprise est loin de dominer le marché, avec ses quelques 3% de parts de marché. Mais elle en est aujourd’hui l’une des marques phares pour s’être érigée, selon le mot de son fondateur, en «lieu de rencontre des technologies, du savoir-faire ancestral et d’une sensibilité à la beauté de notre héritage esthétique partagée par ceux qui y travaillent». Mais il a fallu du temps pour que Dorémail trouve cette voie et s’y engage clairement et résolument.

Lorsque Mohamed Masmoudi décide, à cinquante ans, de se mettre à son propre compte, il choisit de se mettre à l’industrie, mais dans une branche qui ne lui est pas étrangère : la céramique. En effet, cet historien de formation a été amené par son parcours à découvrir et à aimer cet objet. S’étant dédié à l’étude et à la mise en valeur du patrimoine culturel tunisien, le fondateur de Dorémail vit depuis près de cinquante ans dans le monde de la culture et du patrimoine.

D’abord assistant au Musée du Bardo, il passe en 1960 dans l’univers de l’édition –directeur des publications à SNED, suivi d’un passage aux éditions CERES-, avant de réintégrer celui du patrimoine. Il est ainsi à l’origine de la fondation du Musée de Sfax (Dar Jallouli) –puis directeur du Centre National des Arts et Traditions Populaires-, contribue à celle de l’Association de Sauvegarde de la Médina de Tunis (dont il sera le premier vice-président).

Au début des années soixante-dix, il revient à l’édition comme fondateur –et directeur général- de la Maison Arabe du Livre (éditeur tuniso-libyen) puis de sa propre maison d’édition, Sud Editions. En 1980, il est appelé à la tête de l’Office National de l’Artisanat Tunisien en tant que président-directeur général, poste qu’il occupe jusqu’en 1987.

En 1984, sa famille fonde Dorémail, grâce à un financement du Fonds de Promotion et de Décentralisation Industrielle (FOPRODI), obtenu par Dordana Masmoudi, principale actionnaire. «C’est un des rares projets FOPRODI à avoir survécu», assure Raouf Masmoudi, son fils.

Opérant au début exclusivement dans l’émaillage industriel, Dorémail vient aux carreaux décorés main un peu par accident. «Occupés lors de la production de carreaux multicolores, les ouvrières étaient oisives quand on passait à l’uni. Pour les occuper, on leur a donné à faire du décoré main. Aujourd’hui, cette activité est exercée par Artemail, la première à en avoir fait», rappelle Raouf Masmoudi. A qui sa mère passe le relais en 1996. Une nouvelle page de la vie de Dorémail s’ouvre.