Marée noire : BP dément le départ d’Hayward alors que la menace Alex s’apaise

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Le patron de BP, Tony Hayward sur un navire dans le golfe du Mexique, le 28 mai 2010 (Photo : Sean Gardner)

[28/06/2010 14:44:45] LONDRES (AFP) BP a connu lundi une nouvelle journée très mouvementée : alors que la menace posée par la tempête Alex semblait s’amenuiser, le groupe a été contraint de démentir le départ de son patron Tony Hayward, que venait d’annoncer un haut responsable du Kremlin.

A la mi-journée, les agences russes Interfax et Ria Novosti ont annoncé une nouvelle fracassante : d’après le vice-premier russe Igor Setchine, le directeur général de BP, Tony Hayward, qu’il devait recevoir ce lundi, allait démissionner et présenter son successeur.

BP a immédiatement démenti ces propos. “Tony Hayward reste directeur général et il ne va pas démissionner”, a assuré à l’AFP une porte-parole du groupe à Londres.

M. Hayward, qui a été sévèrement critiqué aux Etats-Unis pour ses multiples gaffes, avait cédé la semaine dernière la gestion des opérations contre la marée noire à un de ses lieutenants, Bob Dudley, un vétéran du groupe extra-expérimenté et 100% américain.

La journée avait pourtant bien commencé pour BP : après s’être effondré vendredi à ses plus bas niveaux depuis près de 14 ans à la Bourse de Londres, son cours avait repris près de 4% en début de séance. Les investisseurs semblaient rassurés par des prévisions montrant que la tempête tropicale Alex devrait, contrairement à leurs craintes, ne pas frapper directement le site de la marée noire, dans le Golfe du Mexique.

La menace potentielle posée par cette tempête avait fortement contribué à l’effondrement du cours du groupe vendredi, qui a porté à 55% sa chute depuis fin avril et le sinistre de la plateforme Deepwater Horizon. Au total, le groupe a vu sa valeur boursière fondre d’une centaine de milliards de dollars depuis cet incident, qui a provoqué la pire catastrophe écologique de l’histoire des Etats-Unis.

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àD)Tony Hayward, Bob Dudley et le président de BP, Lamar McKay, après une rencontre avec Barack Obama, le 16 juin 2010 à la Maison Blanche à Washington (Photo : Mandel Ngan)

Le groupe avait par ailleurs reçu un franc soutien du Premier ministre britannique David Cameron qui, après s’être contenté initialement de déclarations très tièdes, a fini par voler à son secours en marge du sommet du G8, au Canada.

Il a mis en garde vendredi contre une possible “destruction” du groupe britannique, et a demandé aux autorités américaines de préciser clairement leurs intentions à son égard, notamment en termes de compensations financières.

Le cafouillage moscovite a remis au tapis l’action de BP, malgré le ferme démenti de la compagnie. Elle a abandonné tous ses gains engrangés dans la matinée, et ne montait plus que de 0,10% à 304,9 pence vers 14H00 GMT.

D’autant que pendant ce temps, le coût de la catastrophe ne cesse d’enfler pour le groupe britannique. Ce lundi, il a indiqué avoir dépensé 2,65 milliards de dollars à cause de la marée noire, soit environ 2,1 milliards d’euros. Cette somme enfle à une vitesse inquiétante : vendredi, le compteur était fixé à 2,35 milliards de dollars.

Et l’on voit mal comment ce flux de dépenses pourrait ralentir, tant que le groupe n’aura pas réussi à obturer le puits à l’origine de la catastrophe.

Malgré les efforts de BP pour limiter la fuite, de grandes quantités de pétrole brut continuent à se répandre sur les côtes américaines.

Plusieurs kilomètres de plages ont été souillées ce week-end dans l’Etat du Mississipi, qui avait été jusqu’ici relativement épargné, et les demandes de remboursement se multiplient : BP affirme avoir déjà dédommagé près de 41.000 plaignants, à hauteur de 128 millions de dollars.