Turquie : une ONG porte plainte contre des restrictions d’accès à Google

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à Dusseldorf (Photo : Michael Gottschalk)

[09/06/2010 14:24:53] ANKARA (AFP) Une association turque a porté plainte auprès d’un tribunal d’Ankara après l’instauration par les autorités turques de restrictions d’accès à plusieurs services du groupe internet Google, a rapporté mercredi la presse turque.

L’association des technologies internet (INETD) a déposé un recours mardi contre les restrictions d’accès à plus de 30 services de Google mises en oeuvre depuis le 4 juin sur ordre de l’instance turque de contrôle des communications (TIB), a rapporté le quotidien Radikal.

La décision a conduit à des ralentissements dans le fonctionnement de Google Analytics, Google AdWords, Google Maps et Google Docs notamment, selon les journaux.

L’ONG accuse la TIB d’avoir outrepassé ses droits en décidant de son propre chef d’étendre à Google les effets d’un jugement rendu en mai 2008 interdisant l’accès au site d’échanges de vidéos YouTube, proscrit pour avoir diffusé des images insultantes du père de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Atatürk.

La TIB a annoncé la semaine dernière avoir bloqué certaines adresses IP appartenant à Google “pour des motifs juridiques”.

Le ministre des Transports, Binali Yildirim, a indiqué mardi que ces adresses avaient été reconfigurées pour permettre aux internautes turcs d’accéder à YouTube.

“La taille de Google n’entre pas en ligne de compte. Pour mettre fin à l’interdiction, il doit faire comme les autres et recourir à des procédures légales et judiciaires”, a affirmé le ministre, cité par le journal Today’s Zaman.

M. Yildirim a par ailleurs indiqué que le Trésor venait d’adresser à YouTube une amende de 30 millions de livres turques (15,6 millions d’euros, 18,8 millions de dollars) pour n’avoir jamais payé d’impôts en Turquie en dépit des recettes publicitaires perçues sur ce marché.

Le président Abdullah Gül s’est pour sa part exprimé contre la censure de l’internet.

“Je ne veux pas voir la Turquie dans la catégorie des pays qui interdisent YouTube, qui n’ont pas d’accès à Google”, a déclaré la semaine dernière M. Gül, avant d’appeler à une révision des lois turques.

L’ONG de défense des droits des médias Reporters sans frontières (RSF) évalue à 3.700 le nombre de sites actuellement bloqués en Turquie.