 |
| à Londres le 5 juin 2009. (Photo : Carl Court) |
[28/03/2010 12:26:20] LONDRES (AFP) Le personnel navigant chez British Airways, employés du chemin de fer, fonctionnaires… La vague de grèves qui sévit actuellement au Royaume-Uni handicape la campagne du Premier ministre travailliste Gordon Brown, à quelques semaines des élections législatives.
“Le printemps de la grogne”: la presse britannique ose la comparaison des actuels arrêts de travail en série avec “l’hiver de la grogne” de 1978-79 qui avait fait chuter le gouvernement d’alors, déjà travailliste.
Samedi, le personnel navigant de la compagnie aérienne British Airways (BA) a entamé quatre jours de grève, après trois autres jours il y a une semaine, ce qui constitue une première depuis 13 ans. Les fonctionnaires ont quant à eux tenu un piquet de grève très embarrassant, mercredi, devant le bureau du ministre des Finances Alistair Darling, au moment même où il annonçait son budget.
Et des employés du chemin de fer ont posé un préavis de quatre jours de grève nationale à partir du 6 avril, en pleines vacances scolaires pascales et pour la première fois depuis 1994. Un arrêt de travail a également été voté par des employés de British Gas, sans que la date en soit encore fixée.
Ce mouvement social, qui a suscité la grogne de dizaines de milliers d’usagers, intervient à un très mauvais moment pour le gouvernement travailliste. Gordon Brown devrait annoncer dans les jours qui viennent la date des législatives (probablement le 6 mai), qui s’annoncent difficiles pour le Labour.
 |
| éroport de Bedfont, près d’Heathrow, lors d’une manifestation. (Photo : Leon Neal) |
Mais si la “grogne du printemps” est embarrassante pour la gauche britannique, c’est surtout qu’elle touche un point sensible: les liens du Labour avec les syndicats. Le travaillisme a été fondé par des syndicalistes (d’où son nom) et depuis, il continue à en être très dépendant. L’organisation Unite, à la base de la grève chez BA, est ainsi un des plus grands bailleurs de fonds du Labour.
L’opposition conservatrice a ainsi beau jeu d’accuser Gordon Brown de laxisme voire de complicité. “Je pense que les syndicats ont senti de la faiblesse dans ce gouvernement et c’est une des raisons pour lesquelles nous voyons autant de grèves”, a estimé dimanche sur la BBC David Cameron, leader des conservateurs.
“Prenez votre revanche” le jour des élections, titrait la semaine dernière le tabloïde de droite The Sun.
Face aux accusations de mollesse, Gordon Brown a affirmé qu’il avait été “ferme” face à la grève chez BA. “Nous voulons que les employés de British Airways retournent au travail… Il doit y avoir des négociations”, a-t-il dit dimanche sur la BBC. “Le nombre de jours perdus dans des grèves sous le gouvernement travailliste est dix fois inférieur à ce qu’il avait été sous les conservateurs”, a-t-il assuré.
Un sondage YouGov publié dans le Sunday Times il y a une semaine montrait que 35% des personnes interrogées estimaient que M. Brown aurait dû être plus ferme face aux grévistes de BA. Et une enquête d’opinion réalisée au même moment pour la BBC évaluait à 60% la proportion de personnes jugeant “injustifié” le mouvement, lancé contre le plan d’économies de la compagnie.
“On a le sentiment d’être revenu au bon vieux temps”, se félicite la porte-parole des Tories pour les transports, Theresa Villiers. “Dans les derniers jours du dernier gouvernement Labour, les syndicats ont paralysé ce pays”, rappelle-t-elle dans une allusion à la chute du Premier ministre travailliste James Callaghan, en 1979, après un mouvement social très dur qui avait pavé la voie à la vague néo-libérale emmenée par la conservatrice Margaret Thatcher.
“Il est très probable qu’il y aura plus de grèves”, prédit Richard Hyman, professeur des relations sociales à la London School of Economics. Mais, rappelle-t-il à l’AFP, “quoi qu’ils pensent du Labour, les syndicats préféreront toujours un gouvernement travailliste à un conservateur”.
