Les Grecs à nouveau en grève générale contre la cure d’austérité

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à Athènes. (Photo : Louisa Gouliamaki)

[11/03/2010 06:47:44] ATHENES (AFP) Les Grecs seront à nouveau dans la rue jeudi pour des manifestations organisées par les grandes centrales syndicales en point d’orgue d’une grève générale, la deuxième en quinze jours, contre la cure de rigueur infligée au pays pour redresser ses finances.

Le mot d’ordre a été lancé vendredi, au moment où la majorité socialiste votait au parlement le train de mesures durcissant un premier plan de redressement, avec des coupes salariales dans la fonction publique, le gel des retraites du secteur privé et public, ainsi qu’une hausse de deux points de la TVA, à 21%.

“Non aux mesures injustes et antisociales” est le mot d’ordre de la Fédération de la fonction publique (Adedy, 300.000 membres), qui représente la catégorie la plus touchée par la rigueur.

Selon les médias, les mesures d’économies, qui doivent assurer une baisse de 4 points du déficit public, à 8,7%, équivalent à la perte d’au moins un mois de salaire sur 14 pour les employés du secteur public (un million). L’Adedy, qui a également déjà appelé à une nouvelle grève pour le 16 mars, assure que les fonctionnaires perdront de 20 à 30% de leurs revenus.

Dans l’attente, au printemps, d’une réforme des retraites et de la législation du travail, la Confédération du secteur privé GSEE (un million d’adhérents) dénonce des mesures “barbares contre les travailleurs, qui plongent le pays dans la récession et font exploser le chômage”.

Alors que la Grèce a été placée sous surveillance par l’Union européenne qui a unanimement salué le plan d’économies, le gouvernement de Georges Papandréou a reconnu que le traitement était douloureux, mais exclu tout recul.

Les institutions européennes mettent les travailleurs grecs sous pression, sans inquiéter outre mesure les spéculateurs, a dénoncé mardi à Bruxelles la Confédération européenne des syndicats (CES).

“Il n’est pas possible que les travailleurs paient unilatéralement une crise dont ils ne sont pas responsables”, a affirmé à l’AFP Andréas Kollas de la GSEE.

Plusieurs grandes fédérations professionnelles se sont jointes au mouvement, comme les influents syndicats des marins (PNO), des employés de banques (OTOE) ou des journalistes (POESY).

La grève doit ainsi paralyser transports et administration, priver le pays de toute information pendant 24 heures. Banques et hôpitaux tourneront au ralenti. Syndicats de policiers et pompiers ont appelé leurs membres à se joindre en uniforme au rassemblement organisé à Athènes par la GSEE et l’Adedy.

Aucun trafic aérien n’aura lieu en raison d’une grève de 24 heures des contrôleurs aériens qui a répondu mardi au mot d’ordre de grève. Les deux grandes compagnies aériennes Olympic Air et Aegean ont annulé tous leurs vols jeudi.

Le précédent débrayage national contre l’austérité, le 24 février, avait rassemblé 30.000 manifestants à Athènes.

Dans l’intervalle, des sondages ont attesté d’un effritement du soutien des Grecs aux mesures d’économie, avec une opinion désormais partagée entre soutien et rejet.

La gauche communiste et radicale a aussi fait descendre la semaine dernière plusieurs milliers de personnes à Athènes, tandis que des grèves sectorielles se multiplient: les agents du fisc concluaient mardi une grève de 48 heures et les éboueurs en poursuivaient une, de quatre jours, entamée lundi.

Les pompistes ont décidé de fermer les stations-service le 18 mars pour protester contre le durcissement de leur régime fiscal, tandis que le personnel des tribunaux observe cette semaine un arrêt de travail de trois heures quotidien.