Grève des raffineries : le gouvernement presse Total de fixer le sort de Dunkerque

[22/02/2010 13:31:47] PARIS (AFP)

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és de Total en grève, le 22 février 2010 à la raffinerie des Flandres, à Dunkerque (Photo : Denis Charlet)

Le gouvernement, confronté à une grève dans les six raffineries de Total en France et à un risque grandissant de rupture d’approvisionnement, a pressé lundi le groupe pétrolier de préciser “dans les prochains jours” ses projets pour le site de Dunkerque, à l’origine du conflit.

Le ministre de l’Industrie Christian Estrosi a demandé lundi à la direction de Total “de réunir à brève échéance son comité d’entreprise afin de clarifier sa position”.

“Soit Total est en mesure d’apporter un projet précis et daté d’implantation de nouvelles activités, soit Total doit très rapidement redémarrer sa raffinerie de Dunkerque”, arrêtée depuis septembre, a lancé le ministre.

Un CCE est prévu le 29 mars à ce sujet, mais les syndicats ne veulent pas attendre jusque là: la CFDT du secteur pétrolier a réclamé lundi un CCE extraordinaire “début mars” afin de “redonner confiance aux salariés”.

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érence de presse, le 21 février 2010 à Paris (Photo : Francois Guillot)

Le porte-parole de l’UMP Frédéric Lefebvre a lui appelé Total à “des actes précis dans les heures qui viennent”, assurant que la CGT, majoritaire chez Total, “se bat pour l’emploi”.

Après l’achoppement des négociations syndicats-direction la veille, des assemblées générales ont eu lieu lundi matin dans plusieurs raffineries pour voter la reconduction de la grève.

“A partir de mardi, il y aura ce que l’on appelle +le silence des raffineries+, c’est ce qu’il y a de pire car un arrêt total, c’est forcément un échec de négociation”, a déclaré à l’AFP Franck Manchon, délégué CGT à la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne).

Un porte-parole de Total a simplement indiqué lundi matin que “le dialogue se poursuit” et réitéré les propositions de la direction, alors que les personnels redoutent l’arrêt du raffinage à Dunkerque et plus globalement un désengagement progressif de Total dans le raffinage en France.

La direction s’est engagée à demander l’organisation d’une table-ronde d’ici la fin mars sur la raffinerie des Flandres et une autre le 4 mars sur “l’avenir du raffinage de Total en France” au cours de laquelle les “investissements à cinq ans pour chaque site seront présentés et discutés”.

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évrier 2010 à Dunkerque (Photo : Denis Charlet)

Enfin, une table-ronde est proposée pour le deuxième trimestre au niveau national sur le raffinage.

Le groupe donne aussi des garanties de réembauche à des salariés de dépôts pétroliers qui seraient cédés.

Le DRH du groupe, François Viaud, avait répété dimanche l’engagement de ne procéder à aucun licenciement sur le site des Flandres.

La grève entrant dans son sixième jour, les inquiétudes sur une possible pénurie grandissent même si M. Estrosi a affirmé lundi qu’il n’y aurait “pas de problème d’approvisionnement”.

Total, qui approvisionne 54% des stations-service de l’hexagone, a assuré “prendre des dispositions pour que les risques de pénurie soient inexistants” sans donner de détails.

A Toulouse et Rennes, certains stations-service étaient fermées. “On a été pris d’assaut tout le week-end”, a expliqué un gérant de l’agglomération toulousaine, en rupture de stock.

Des fréquentations en hausse ont également été signalées à Brest et Nantes, mais sans pénurie.

Dans le Nord, il n’y avait pas de ruée sur les stations-service, les automobilistes ayant toujours le recours d’aller en Belgique.

Dans la Somme, un gérant d’une enseigne Total à Peronne, Maxime Fleury, a déclaré: “samedi plusieurs personnes sont venues avec des bidons, puis ça s’est calmé. Pas de problème d’approvisionnement, j’ai été livré ce matin à 06h00”.

A Dunkerque, les salariés de Total ont carrément appelé les consommateurs à “créer la pénurie” en achetant du carburant pour renforcer la pression sur l’industriel.