Bourse de Paris : une année 2009 forte en émotions

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à Paris, du Palais Brongniart, ancien bâtiment de la Bourse de Paris. (Photo : Francois Guillot)

[24/12/2009 07:36:24] PARIS (AFP) Après une année noire en 2008, la Bourse de Paris termine 2009 sur une note positive, mais après douze mois qui ont mis les nerfs des investisseurs à rude épreuve, passant d’une crainte d’un effondrement général à un optimisme surdimensionné.

Trois périodes caractérisent cette année: ambiance fin du monde de janvier à mi-mars, soulagement avec un redressement spectaculaire jusqu’à octobre et depuis, retour à la réalité avec des doutes sur la reprise économique.

A la clôture de vendredi, le CAC 40, indice phare parisien, affichait un gain de 585 points depuis le début de l’année, soit 18,2% après avoir perdu 43% en 2008.

Par rapport à son point bas, le 9 mars, l’indice a repris plus de 50%. C’est ce violent mouvement qui a fait toute la spécificité de l’année boursière, note-t-on dans les salles de marché.

“Jusqu’au 9 mars les marchés prévoyaient un effondrement du système financier, à l’image de 1929, et s’attendaient à une faillite en chaîne des grands groupes et notamment des banques”, rappelle Bernard Aybran, directeur de la multigestion chez Invesco Asset Management.

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çais surveillent les prix des actions à la Banque de France, le 13 Octobre 2008 à Paris. (Photo : Mehdi Fedouach)

“Il y avait réellement fin 2008 et en début d’année des anticipations de fin du monde”, renchérit Frédéric Buzaré, responsable de la gestion actions chez Dexia Asset Management.

Les marchés raisonnaient comme si de nombreux acteurs majeurs (banques constructeurs automobiles…) allaient disparaître.

Le 9 mars “c’est un mémo interne du patron de Citigroup, Vikram Pandit, faisant état d’un retour aux bénéfices en janvier et février, qui a aussitôt enflammé les marchés”, explique M. Aybran. L’information était d’autant plus surprenante que Citigroup — un des poids lourds de la finance mondiale ayant essuyé 18 milliards de dollars de pertes –, était considéré au bord de la faillite.

“A partir de là, on a découvert que le secteur bancaire allait survivre et même refaire des bénéfices, cela a donné du carburant à l’ensemble des autres secteurs”, a poursuivi M. Aybran.

La confiance est revenue progressivement, confortée dès mars par des indicateurs économiques plus encourageants. En avril et juillet, les résultats trimestriels des entreprises ont contribué à nourrir l’optimisme.

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çais surveillent les prix des actions à la Banque de France, le 13 Octobre 2008 à Paris. (Photo : Jacques Demarthon)

Le soulagement a presque frisé l’euphorie à la fin de l’été malgré des perspectives macroéconomiques mitigées et qui s’assombrissaient notamment sur le front du chômage.

Tout à sa volonté de rattraper la baisse, le marché en a fait fi.

Le marché parisien atteint son plus haut de l’année le 19 octobre (+55% par rapport au point bas le 9 mars ). Depuis, la réalité a repris le dessus avec des doutes croissants sur les capacités de consommation de ménages touchés par le chômage.

Depuis quelques semaines sont venues se greffer les craintes sur l’explosion des déficits publics dans les pays européens, après la déconfiture de Dubaï.

Malgré les doutes sur la croissance, le marché parisien “fait du yo-yo autour des 3.800 points” et piétine en fin d’année autour de ses niveaux les plus hauts, explique Marc Touati, directeur des études économiques et financières chez Global Equities.

On en arrive aujourd’hui à une situation paradoxale en apparence mais qui ne l’est pas pour les marchés financiers : une bourse à ses plus hauts de l’année alors que les taux de chômage sont à des niveaux record depuis 30 ans.

Une situation normale, estime M. Buzaré, car “c’est toujours au moment le plus noir pour l’homme de la rue que les marchés commencent à monter, jouant ainsi à plein leur rôle d’anticipateurs”.