Ca gaze pour les paysans installés sur le plus grand gisement américain

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éleveurs américains montrent la carte des zones où des agriculteurs ont donné leur accord pour des forages de gaz, le 14 décembre 2009 à Callicoon dans l’Etat de New York. (Photo : Stan Honda)

[22/12/2009 11:30:12] CALLICOON (Etats-Unis) (AFP) Bill Graby, éleveur dans l’Etat de New York, n’en revient toujours pas. Il vient d’apprendre que dans les entrailles de sa propriété se cache un trésor: une partie de ce qui pourrait bien être la plus grande nappe de gaz naturel des Etats-Unis.

“C’est comme si j’avais gagné au loto”, s’exclame ce colosse de deux mètres, éleveur de vaches à lait dans l’idyllique massif des Catskills (nord-est des Etats-Unis).

Le trésor en question est baptisé Marcellus. Costaud, Marcellus, puisque, selon les autorités de l’Etat, il renferme plusieurs centaines de milliards de mètres cubes de gaz naturel. Les terres de M. Graby se trouvent à l’extrémité nord de Marcellus, qui s’étend jusqu’au Tennessee, à 1.000 km au sud.

Autant dire que Marcellus a un potentiel “formidable”, lance John Felmy, économiste à l’American Petroleum Institute.

Jusqu’à maintenant, les compagnies de gaz estimaient que son exploitation n’était pas rentable. Mais de nouvelles méthodes de forage moins coûteuses pourraient changer la donne.

La nouvelle est bienvenue dans cette région où nombre d’éleveurs ont fait faillite et où le touriste est devenu denrée rare.

Mais M. Graby et ses voisins sont encore très loin de profiter d’une pluie de dollars.

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écembre à Hancock ans l’Etat de New York. (Photo : Stan Honda)

D’abord, les autorités de l’Etat de New York n’ont pas encore donné leur feu vert au forage. Elles doivent trancher l’an prochain.

Ensuite, ce serait compter sans la ténacité de militants écologistes et de certains habitants, effarés à l’idée de voir les Catskills défigurées par des puits de forage. D’autant plus que les sous-sols de la région regorgent de nappes phréatiques qui abreuvent la métropole new-yorkaise et sa proche banlieue en eau potable.

Car pour atteindre Marcellus et en extraire le précieux gaz, les compagnies devraient employer les grands moyens: l’injection à haute pression d’un mélange d’eau, de sable et de produits chimiques destiné à pulvériser le gaz vers la surface.

Hors de question, pour Ramsay Adams, un des responsables des Catskill Mountainkeeper, une association écologiste locale.

Il s’inquiète de ce que le mélange toxique pollue les nappes phréatiques. “Personne ne sait” ce qui peut se passer, insiste M. Adams. “Les compagnies de gaz elles-mêmes n’en savent rien”, lance-t-il.

De sa maison, nichée dans un vallon, Alice Diehl acquiesce. Si l’eau venait à être contaminée, “il n’y aurait aucun moyen de défaire le mal”, dit-elle.

Faux, rétorquent les sociétés concernées. Elles avancent que leurs méthodes de forage sont sûres car elles visent uniquement le gaz, tout en évitant soigneusement les nappes phréatiques.

“Les écolos extrémistes ont empoisonné le débat sur le gaz naturel en sous-entendant que les foreuses vont polluer notre eau et notre air”, se lamente Brad Gill, directeur de l’Independent Oil and Gas Association de New York.

Bill Graby, l’éleveur de vaches, n’y voit rien à redire. D’ailleurs, lui et Noel van Swol, un ancien instituteur de la région, ont fondé une association de propriétaires, histoire de mieux négocier la location de leurs terres aux compagnies gazières.

D’après les calculs de M. van Swol, la location pendant cinq ans d’un seul hectare de terre lui rapporterait presque 10.000 dollars. A cela s’ajoute un intéressement de 20% sur l’extraction du gaz.

De quoi “changer de vie”, jubile M. van Swol, pour qui les militants écologistes s’apparentent à des “dictateurs soviétiques”.