ExxonMobil rachète XTO et ses gisements de gaz “non conventionnels”

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éservoir de la raffinerie de Joliet (Illinois) (Photo : Scott Olson)

[14/12/2009 18:24:46] NEW YORK (AFP) Le numéro un mondial du pétrole ExxonMobil va devenir encore plus gros, avec l’acquisition annoncée lundi pour 41 milliards de dollars de son compatriote XTO Energy, propriétaire de gisements de gaz “non conventionnels” jugés prometteurs.

XTO Energy est une société texane qui avait beaucoup grossi ces derniers temps à coup d’acquisitions, jusqu’à pouvoir afficher un chiffre d’affaires de 7,695 milliards de dollars en 2008, pour un bénéfice net de 1,912 milliard de dollars.

“Les atouts de XTO et les capacités d’ExxonMobil en termes de recherche-développement et d’opérations, d’échelle mondiale et de capacités financières, devraient permettre le développement de ressources supplémentaires non conventionnelles de gaz et de pétrole”, s’est félicité le PDG d’ExxonMobil Rex Tillerson.

XTO détient l’équivalent de 1,2735 milliard de mètres cubes de gaz, et 90% de sa production de gaz naturel provient de gisements “non conventionnels” terrestres: gaz de réservoir compact, méthane houiller, schistes bitumineux, forés des Appalaches aux Rocheuses en passant par les pourtours du golfe du Mexique et un gisement proche du Canada.

Avec cette transaction entièrement effectuée par échange d’actions et valorisée à 41 milliards de dollars dont 10 milliards de reprise de dette, ExxonMobil double ses actifs gaziers aux Etats-Unis et accroît sa production mondiale de 12%, selon la maison de courtage Collins Stewart.

Les gisements de gaz “non conventionnels”, spécialité de XTO, représentaient déjà 47% de la production américaine en 2007, et selon un rapport publié lundi par le ministère de l’Energie, vont “plus que compenser” le déclin de la production de gaz traditionnel attendue dans le pays d’ici à 2035.

Ce sont des ressources que seules des technologies de forage récentes, et coûteuses, permettent d’exploiter.

Selon le fondateur et président de XTO Bob Simpson, s’appuyer sur ExxonMobil fera bénéficier d’un phénomène d'”échelle” propice aux investissements nécessaires.

ExxonMobil met notamment la main avec cette acquisition sur des propriétés dans le bassin de Bakken, dans le Dakota du Nord (nord des Etats-Unis), où les forages sont menés à l’horizontale pour extraire les hydrocarbures en suivant les stratifications du schiste argileux, permettant la renaissance d’un site qui il y a quelques années encore était considéré comme un réservoir de pétrole sur le déclin.

L’analyste James Neale, de la banque Credit Suisse, a souligné que XTO possédait les actifs “les plus étendus et les moins coûteux aux Etats-Unis” sur ce segment.

A terme, ExxonMobil prévoit de centraliser au siège actuel de XTO à Fort Worth (Texas, sud) toutes ses activités de l’amont liées à l’exploration et la production de ces ressources “non conventionnelles”.

Du point de vue d’ExxonMobil, M. Neale soulignait que cette acquisition, revenant à un recentrage sur les Etats-Unis, “est un changement intéressant après un an passé à développer le gaz qatari”. “De toute évidence le groupe cherche activement à parer au déclin de son portefeuille de base”, soulignait-il.

Lundi l’action ExxonMobil chutait tout de même de 4% à 69,91 dollars à la mi-journée.

Une réaction qu’avait anticipée l’analyste Katherine Lucas Minyard, chez Collins Stewart, “vu la taille de l’opération, la faiblesse relative du marché nord-américain du gaz” et la générosité de l’offre.

Chaque actionnaire de XTO Energy recevra 0,7098 action d’ExxonMobil, ce qui représente une prime de 25% sur le cours de clôture de XTO vendredi.

Le bouclage de la transaction, qui comprend 10 milliards de dollars de reprise de dette, est attendu au deuxième trimestre 2010, après accord des actionnaires de XTO et des autorités.