Washington restreint les salaires de dirigeants du secteur privé

photo_1256247859683-1-1.jpg
ège de la Fed à Washington, le 8 octobre 2008 (Photo : Karen Bleier)

[22/10/2009 21:47:07] WASHINGTON (AFP) Les autorités américaines ont imposé jeudi une série de limitations aux rémunérations dans le secteur bancaire et dans les grandes entreprises récemment sauvées de la faillite, fait exceptionnel au pays de la libre entreprise.

L’offensive la plus lourde de conséquences est venue de la banque centrale (Fed), qui a imposé aux banques de revoir leur politique de primes, de telle sorte que celle-ci “ne sape pas” leur sécurité ni leur santé financière.

L’action de la Fed ne marque que le début d’un processus présenté comme nécessaire pour assainir le système financier, conformément aux engagements pris le mois dernier par les principaux pays avancés et émergents réunis au sein du G20.

Après avoir accueilli plutôt froidement les propositions européennes de limitation des bonus dans la banque, les Etats-Unis, qui reconnaissent leur lourde part de responsabilité dans le déclenchement de la crise financière, semblent décidés à montrer l’exemple.

Notant que “les pratiques du secteur financier en matière de primes et de bonus ont été l’un des nombreux facteurs ayant contribué à la crise”, la Réserve fédérale exhorte les banques à revoir dès maintenant leur politique en la matière, sous peine de sanctions, avant même la publication d’une nouvelle directive qu’elle souhaite voir adoptée rapidement. La Fed a promis des contrôles renforcés.

La deuxième partie de l’offensive des autorités est venue du gouvernement fédéral, qui a décidé d’appliquer dès le mois prochain de fortes réductions des émoluments des dirigeants des sept entreprises ayant été le plus renflouées par l’Etat depuis 2008, voire nationalisées.

Aux termes des “recommandations finales” rendues publiques par Kenneth Feinberg, chargé par le président Barack Obama de contrôler la paye dans ces entreprises, elles vont devoir réduire de 50% en moyenne la rémunération totale de leurs vingt-cinq dirigeants les mieux payés, à partir du mois de novembre.

Ces recommandations, susceptibles de toucher 175 personnes dans un premier temps, imposent une baisse de 90% en moyenne du salaire en dollars de ces dirigeants, couplée à un “actionnariat salarié” fort.

De manière à favoriser une gestion viable à long terme, les actions perçues par les dirigeants des entreprises concernées ne pourront pas être vendues avant plusieurs années.

M. Feinberg a indiqué avoir entendu “l’indignation” des Américains à l’occasion du renflouage de ces sociétés et a précisé qu'”aucun bonus ne [serait] garanti” pour leurs salariés.

L’autorité de M. Feinberg s’exerce sur les constructeurs automobiles Chrysler et General Motors, les société de services financiers GMAC et Chrysler Financial, les banques Citigroup et Bank of America, et l’assureur AIG.

Ses règles n’ont rien d’universel et sont temporaires. Les sociétés qu’il supervise n’y sont effectivement sujettes que tant qu’elles ont une obligation vis-à-vis de l’Etat et celui-ci ne fait pas mystère de sa volonté de sortir de ces entreprises le plus vite possible.

M. Obama a néanmoins estimé que M. Feinberg avait “franchi une étape importante”.

Moins emphatique, celui-ci, a rappelé que son mandat était “limité” et a émis le souhait que les normes qu’il a définies pour sept sociétés puissent être “reprises volontairement” par les régulateurs et l’ensemble des entreprises américaines”.