Pétrole : l’Irak impose ses prix pour devenir l’égal des plus grands

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étrole, Hussein Chahristani (g), à Bagdad le 13 octobre 2009 (Photo : Sabah Arar)

[13/10/2009 15:09:06] BAGDAD (AFP) L’Irak entend devenir d’ici 2015 l’un des principaux producteurs mondiaux de brut après avoir réussi à imposer, à l’issue d’un bras de fer, le montant de la rémunération qu’il allait offrir aux consortiums pétroliers pour l’extraction de son pétrole.

“Nous espérons porter la production à 10 à 12 millions de barils par jour, qui fera de l’Irak l’égal des plus grands producteurs”, a affirmé le ministre du Pétrole Hussein Chahristani. Il avait auparavant annoncé que plusieurs consortiums avaient accepté les conditions posées par le gouvernement pour l’exploitation de deux champs pétrolifères, Zoubaïr et Qourna-Ouest (sud).

En juin, seul un consortium avait accepté la rémunération de 2 dollars par baril pour exploiter le champ de Roumaïla (sud).

“Les compagnies (pour ces trois champs) vont investir 100 milliards de dollars, a-t-il dit. L’Irak ne consacrera pas un dinar du budget de l’Etat pour développer ses champs pétroliers. En revanche, les recettes pétrolières seront consacrées à la reconstruction de l’Irak.”

“Si nous ajoutons ces trois champs avec Kirkouk et Missane, la production atteindra dans les six prochaines années plus de 7 millions de barils par jour (mbj)”, a expliqué le ministre.

“Si les neuf champs pétroliers proposés aux enchères pendant la seconde session des appels d’offres lors de la première quinzaine de décembre sont attribués, la production atteindra plus de 5 mbj”, a-t-il ajouté

“Nous espérons ainsi porter la production à 10 à 12 mbj et faire de l’Irak l’égal des plus grands”, a-t-il lancé.

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éoduc dans une raffinerie au sud de Bassorah (Photo : Ahmad al-Rubaye)

L’Arabie saoudite, plus gros producteur de brut de l’Opep, extrait actuellement 8 mbj.

Auparavant, le ministre avait annoncé qu’un consortium composé de l’Italien Eni (35%), du chinois Sinopec (20%), de l’américain Occidental Petroleum Corporation (20%), et du sud-coréen Korea Gaz Corporation (25%) avait “accepté le prix fixé par l’Irak” pour le champ de Zoubaïr (sud).

Ce consortium avait refusé en juin le montant proposé par l’Irak pour l’exploitation de champ qui renferme 4 milliards de barils.

Le consortium réclamait d’être payé 4,80 dollars le baril. Il accepte désormais 2 dollars pour chaque baril extrait dans le cadre de l’augmentation de la production.

Le champ de Zoubaïr produit actuellement 227.000 bj. Sa production doit être augmentée d’1,125 mbj d’ici six ans.

M. Chahristani a également annoncé que deux autres consortiums, conduits par l’américain Exxon Mobil et par le russe Lukoil avaient également accepté les conditions irakiennes, soit 1,9 dollar le baril, pour l’exploitation du champ pétrolier de la première phase de Qourna-Ouest (sud).

Exxon Mobil propose d’accroître la production de 2,1 mbj et Loukoil, de 1,5 mbj. Le choix entre les deux consortiums aura lieu d’ici deux semaines, a-t-il ajouté.

Le champ de Qourna-Ouest a une production actuelle de 279.000 barils/jour et des réserves estimées à 8,5 milliards de barils, selon des chiffres officiels.

Fin juin, un appel d’offres pour six champs pétrolifères et deux champs gaziers, le premier depuis 37 ans, avait tourné au fiasco. Seul celui de Roumaïla, qui recèle avec 17,7 milliards de barils les plus grandes réserves de pétrole d’Irak, avait trouvé preneur avec la compagnie britannique BP Exploration Operating Company et la société chinoise CNPC, pour 2 dollars par baril.

Ils devront s’associer avec les deux compagnies publiques irakiennes pour faire passer la production de 900.000 barils à 2,8 mbj.

L’Irak possède les troisièmes réserves du monde avec 115 milliards de barils, derrière l’Arabie saoudite et l’Iran. Cependant, il n’y a pas eu d’exploration depuis des décennies à cause des guerres et de l’embargo imposée à l’Irak en 1990.

Le pays produit actuellement 2,4 millions b/j et les revenus représentent 85% des recettes de l’Etat.