Sept milliards d’euros pour remettre sur les rails le fret ferroviaire

[16/09/2009 22:14:04] PARIS (AFP)

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érence de presse, le 16 septembre 2009 à Paris, sur le développement du fret ferroviaire (Photo : Martin Bureau)

Le gouvernement s’est engagé mercredi à consacrer d’ici 2020 plus de 7 milliards d’euros au développement des infrastructures du fret ferroviaire, afin de favoriser le report de la route vers le rail et relancer un secteur frappé de plein fouet par la crise.

“Il est vital de développer le fret” ferroviaire afin de contrer l’envolée des prix du pétrole et réduire l’émission de gaz à effet de serre “qui sont une catastrophe”, a expliqué devant la presse le ministre de l’Ecologie Jean-Louis Borloo.

Autoroutes ferroviaires pour favoriser le transport de camions par le train, suppression des goulets d’étranglement, TGV fret reliant les aéroports entre eux, meilleure desserte des ports: le s’inspire des pistes proposées en juin par le rapport du député du Val-d’Oise Yanick Paternotte (UMP).

L’annonce gouvernementale intervient peu avant la présentation par la SNCF le 23 septembre de ses propres projets de réorganisation interne de sa filière fret, qui prévoient la réduction d’activités peu rentables au profit de créneaux plus porteurs.

Sur les 7 milliards du plan, la compagnie nationale va s’ailleurs investir dans les cinq prochaines années un milliard dans des solutions innovantes de transport de marchandises (autoroutes ferroviaires, fret à grande vitesse, etc.)

Les syndicats de la SNCF se sont montrés plutôt favorables au plan de développement du fret, mais sont vent debout contre les projets de création de filiales et de suppressions d’emplois (4 à 6.000) sur lesquels planche l’entreprise nationale.

Sud Rail redoute “une privatisation rapide par +morceaux+ de l’entreprise publique SNCF avec la création de filiales fret spécialisées par produit”.

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à la gare de triage de Sotteville-Lès-Rouen, le 02 juin 2008 (Photo : Robert Francois)

La CGT-cheminots a estimé que le plan de développement du fret ferroviaire avait “un intérêt” mais qu’il ne devait pas servir “à justifier la casse” d’une partie de ce secteur au sein de la SNCF.

Parmi les projets à l’étude figure l’abandon d’environ 60% du trafic du wagon isolé (transport de marchandises sur mesure sur une partie d’un train), formule qui concurrence directement les camions mais est fortement déficitaire.

“On attend de la SNCF qu’elle intègre dans son plan la feuille de route” tracée par le programme de financement gouvernemental, a expliqué M. Borloo. Pour le fret, “il faut faire des efforts de compétitivité” comme cela a été le cas pour le trafic voyageurs, a-t-il plaidé.

L’annonce du plan de financement gouvernemental, présenté par M. Borloo en conseil des ministres, s’inscrit dans le droit fil du Grenelle de l’Environnement, qui prévoit de faire passer la part des transports de marchandises alternatifs à la route de 14 à 25% d’ici 2022.

La part du rail dans le transport de marchandises n’a cessé de diminuer en France ces dernières années, malgré l’ouverture à la concurrence du fret ferroviaire sur un plan européen en janvier 2006. Et la crise a accéléré le déclin du fret ferroviaire.

Le fret SNCF devrait ainsi perdre 600 millions d’euros cette année, après un déficit de 340 millions d’euros en 2008, subissant la chute de l’activité des entreprises.

L’effort d’investissement visant à relancer le secteur sera réparti entre l’Etat, Réseau ferré de France (RFF, le gestionnaire public des infrastructures ferroviaires) et la SNCF.

Le gouvernement n’a pas décidé à ce stade s’il aura recours au grand emprunt national pour financer les 7 milliards d’euros, qui seront inscrits dans le budget de l’Etat.