La saga des chantiers navals polonais continue après l’échec de leur vente

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ège de l’Union européenne à Bruxelles, le 28 octobre 2008 (Photo : Dominique Faget)

[18/08/2009 14:46:42] VARSOVIE (AFP) La saga des chantiers navals polonais de Szczecin (nord-ouest) et de Gdynia (nord), dont les aides ont été contestées par Bruxelles, est loin d’être terminée après l’échec de leur vente à un mystérieux acquéreur du Qatar.

Annoncé triomphalement en juin par les autorités polonaises, le contrat d’achat prévoyait le versement pour les deux chantiers de 364 millions de zlotys (87 millions d’euros) par l’acquéreur, représenté par un fonds d’investissement basé aux Antilles Néerlandaises, Stichting Particulier Fonds Greenrights.

Or, cet argent n’a pas été versé à la date limite du 17 août. Dans un communiqué laconique, le ministère polonais du Trésor a déclaré mardi matin n’avoir “pas reçu les fonds offerts par l’investisseur privé, Stichting Particulier Fonds Greenrights, pour des éléments du patrimoine des chantiers de Gdynia et de Szczecin”.

Le ministre du Trésor Aleksander Grad a toutefois annoncé mardi que l’autorité d’investissement du Qatar (QIA), un des fonds souverains du Golfe, pourrait reprendre les chantiers de Szczecin et de Gdynia.

“J’ai reçu une lettre officielle de l’agence gouvernementale chargée des investissements du Qatar sur l’ouverture d’une procédure qui peut aboutir à la reprise par l’agence des obligations de l’investisseur à l’égard des chantiers”, a déclaré M. Grad lors d’une conférence de presse.

Bruxelles avait ouvert en 2005 une enquête sur des aides versées à trois grands chantiers polonais, ceux de Gdansk, Gdynia et Szczecin.

Faute d’une restructuration suffisante à ses yeux pour les chantiers de Gdynia et Szczecin, la commissaire européenne à la concurrence Neelie Kroes avait obtenu en novembre leur liquidation, la vente des actifs devant permettre de rembourser les aides d’Etat jugées illégales.

Dans un premier temps, la finalisation de la vente des deux chantiers devait intervenir le 21 juillet. Mais les acquéreurs avaient demandé un délai au 17 août pour enquêter sur des accusations de malversations, fausses selon M. Grad, avancées contre d’anciens responsables des chantiers navals de Szczecin.

Slawomir Nowak, un proche collaborateur du Premier ministre Donald Tusk, a déclaré mardi matin que le gouvernement allait demander à Bruxelles un nouveau délai pour trouver un autre investisseur.

Un porte-parole de la Commission européenne, Ton Van Lierop, a toutefois précisé mardi que Bruxelles avait déjà accordé à Varsovie un délai jusqu’au 31 août “pour finaliser la transaction de vente des avoirs de Gdynia et de Szczecin, conformément à une demande du gouvernement polonais”.

Selon une source européenne, “l’idée de ce prolongement était de permettre de boucler la transaction, et non de chercher un autre investisseur”.

“Nous sommes effondrés, complètement abattus”, a déclaré mardi à l’AFP Janusz Petrynski, 59 ans, syndicaliste qui a fait toute sa carrière aux chantiers navals de Szczecin.

“On espérait qu’au moins 2.000 personnes des 4.000 qui y travaillaient l’année dernière seraient réembauchées par le nouvel investisseur”, a-t-il ajouté.

Sur les 5.200 salariés des chantiers de Gdynia, quelque 3.000 ont compté sur une réembauche.

Fin juillet, Bruxelles a garanti la survie du chantier naval de Gdansk, en approuvant les 251 millions d’euros d’aides publiques octroyées au site depuis l’entrée de la Pologne dans l’UE en 2004.

Cette survie doit cependant se payer au prix fort: Bruxelles a exigé une restructuration garantissant la viabilité du chantier à long terme sans aide supplémentaire.

Le groupe ukrainien Donbass, qui avait racheté le chantier de Gdansk lors de sa privatisation en 2007, prévoit une importante réduction de ses capacités de production.