Après le lait, les agriculteurs en colère contre la grande distribution

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à Mondeville le 2 juin 2009 (Photo : Mychele Daniau)

[08/06/2009 18:05:28] PARIS (AFP) Les agriculteurs vont bloquer à partir de jeudi les plateformes d’approvisionnement des grandes surfaces pour dénoncer leurs marges, un nouveau mouvement de colère qui montre que le récent accord sur le prix du lait passe mal sur le terrain.

La FNSEA, principal syndicat agricole français, et les Jeunes Agriculteurs (JA), qui en est proche, ont appelé lundi à une opération “vérité sur les marges” réalisées par la grande distribution. Ce mouvement de protestation, qui doit avoir lieu dans toute la France, débutera dans la nuit de jeudi à vendredi et se prolongera 48 heures.

En fait, le blocage de plateformes (entrepôts intermédiaires entre le lieu de fabrication et celui de vente) a déjà commencé dimanche dans l’Ouest, principale région laitière française.

Ce problème d’opacité des marges est “récurrent”, mais il est d’autant plus sensible que l’accord signé la semaine dernière sur le lait “ne passe pas bien” sur le terrain, a reconnu le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), Jean-Michel Lemétayer lors d’un point presse.

Mais, selon lui, cette question “dépasse” celle du lait “car beaucoup de productions sont en difficulté, notamment le porc”.

Il y a “deux dossiers très chauds (lait et marges, ndlr) qui provoquent l’exaspération des producteurs”, a confirmé Thierry Lahaye, membre des JA.

Ces derniers sont particulièrement remontés contre l’accord sur le prix du lait signé mercredi entre producteurs, industriels et coopératives, au terme de près d’un mois d’opérations de blocage de laiteries et de grandes surfaces par les éleveurs.

Un “mauvais accord” dénoncé dès le lendemain par les JA. A leurs yeux, le prix ne couvrira pas les coûts d’exploitation, ni les investissements.

Sur ce point, les JA ne sont pas sur la même ligne que la FNSEA qui a validé l’accord. “C’est un accord insuffisant mais qui était indispensable”, a réaffirmé M. Lemétayer.

Les agriculteurs ont déjà à maintes reprises dénoncé les “dégâts” de la loi de modernisation de l’économie (LME) sur les relations entre fournisseurs et distributeurs, et au premier chef l’opacité entourant la formation des prix.

Comme les associations de consommateurs, les agriculteurs réclament depuis plusieurs mois la mise en place effective d’un “Observatoire des marges et des prix” des produits alimentaires.

Un observatoire a bien été créé en 2008, en pleine polémique sur la flambée des prix à la consommation. Mais il n’a pas donné les résultats escomptés, puisqu’il se limite à donner l’évolution des prix tout en restant muet sur les marges.

“Nous donnons un mois” à partir de jeudi aux pouvoirs publics pour connaître les marges de la distribution, a averti Dominique Barraut, secrétaire général de la FNSEA. “Si dans un mois nous n’avons pas de réponse, nous recommencerons”.

La FNSEA réclame la désignation “d’un arbitre” et souhaite que le gouvernement “envoie la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) dans les linéaires pour essayer d’apprécier les marges réalisées” par la grande distribution.

De son côté, la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD) s’est limitée à a réaffirmer lundi qu’elle était “favorable à l’observatoire des prix et des marges”, “à condition que tout le monde joue le jeu”.

La FCD a toutefois promis de donner “tous les éléments d’information nécessaires” lors de la prochaine réunion de l’observatoire mercredi.