Régions : Le Nord-Ouest ne connaît pas la crise, mais réclame une accélération de son développement

«Heureusement que nous n’avons ni tourisme ni industrie». Ces mots, un tant
soit peu provocateurs, sont revenus dans la bouche de plusieurs
intervenants, lors de la rencontre des membres des bureaux exécutifs des
Unions régionales de l’Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de
l’Artisanat (UTICA), des quatre gouvernorats du Nord-Ouest (Béja, Jendouba,
Le Kef et Siliana) -avec le président de l’organisation, M. Hédi Djilani,
mardi 14 avril 2009, à Béja.

Objet de la réunion –la première d’une série de quatre que le «patron des
patrons» va tenir dans différentes régions du pays : s’enquérir de l’état
des entreprises de la région, à l’ombre de la crise économique mondiale, qui
a déjà commencé à faire sentir ses effets en Tunisie, et expliquer aux
entrepreneurs du Nord-Ouest les mesures promptement prises par les pouvoirs
publics afin d’en limiter les effets sur le tissu économique tunisien.

Surprise : ces explications n’ont guère intéressé l’assistance. Car en
raison du faible tissu industriel régional –d’après M. Hédi Djilani, on n’y
compte que 68 entreprises ayant plus de 10 employés, et seule une
cinquantaine d’entre elles sont –partiellement- exportatrices-, la crise,
qui hante tant les esprits à Tunis et dans les autres régions
industrialisées, est plutôt perçue ici, dans le Nord-Ouest, comme le monstre
du Loch Ness dont tout le monde parle mais que personne n’a jamais vu.
Aussi, «nous ne pensons pas à la crise, mais à l’après-crise», résume un
membre de l’Union régionale de Jendouba. Plus prosaïquement, «comme les
régions de l’intérieur ne constitueront pas un fardeau pour la communauté
nationale en matière de dédommagement des pertes occasionnées par la crise,
nous demandons que la part du Nord-Ouest prenne la forme d’un renforcement
de ses infrastructures», poursuit le même intervenant.

Certes, tout le monde, dans cette partie de la Tunisie, reconnaît l’effort
consenti par les pouvoirs publics depuis 1987 en faveur du décollage
économique du Nord-Ouest. «Cet ISET où nous sommes aujourd’hui réunis en est
l’illustration, alors que par le passé on ne comptait qu’un seul lycée pour
les quatre gouvernorats du Nord-Ouest», souligne Ridha Bouajina, membre du
bureau exécutif de l’UTICA, chargé des relations avec l’Organisation
mondiale du commerce et des relations avec les pays africains.

Originaire du Kef dont il est également député, M. Bouajina estime que «la
crise doit nous ouvrir les yeux sur les opportunités offertes à la région
afin d’accélérer son développement», et appelle le gouvernement à venir en
aide à la région, notamment en prolongeant l’autoroute A3 jusqu’à la
frontière avec l’Algérie, et en favorisant le développement du tourisme.

«Vos demandes sont raisonnables», a répondu Hédi Djilani à l’assistance, en
rappelant que l’achèvement de l’autoroute du Nord-Ouest «a déjà été
programmé par le président Ben Ali et sera réalisé». Rappelant ses attaches
profondes avec cette région, le président de l’UTICA a également appelé ses
entrepreneurs à retrousser leurs manches pour mieux faire connaître le
Nord-Ouest aux investisseurs –grâce à l’enveloppe de 20.000 dinars sur trois
ans qu’il a accordés à chacune des «UR» de Béja, Jendouba, Le Kef, Siliana
et de Kasserine- et lui permettre ainsi «de rattraper» les autres régions.