Tollé autour de la chanson “Sale pute” du rappeur Orelsan

[28/03/2009 09:12:00] PARIS (AFP)

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écran d’accueil de YouTube (Photo : Samantha Sin)

Une chanson intitulée “Sale pute” du rappeur Orelsan a déclenché un tollé en raison de ses paroles violentes à l’égard des femmes: des ministres demandent son retrait des plateformes de partage de vidéos, des associations ne veulent pas voir l’artiste au Printemps de Bourges.

La chanson, postée sur internet depuis plus de deux ans, décrit en termes très crus la colère d’un jeune homme qui, se découvrant trompé, menace sa compagne de toutes une série de violences physiques. “J’ai la haine, J’rêve de t’voir souffrir”, “On verra comment tu fais la belle avec une jambe cassée”, chante notamment le rappeur, pour ne reprendre que les paroles les plus soft.

Orelsan, 26 ans, a présenté vendredi ses excuses pour sa chanson controversée, assurant à l’AFP qu’il n’avait “pas voulu se faire un coup de pub”. “La chanson est choquante”, a reconnu le jeune normand aux cheveux ras, lors d’une interview dans les locaux parisiens de sa maison de disque 3e Bureau (Wagram Music).

Enfant de la classe moyenne, natif d’Alençon et installé à Caen, Orelsan est souvent présenté par la presse comme un “Eminem français”.

L’artiste doit se produire le 25 avril au Printemps de Bourges. Mais des internautes, choqués par les paroles de la chanson, ont tiré la sonnette d’alarme et sensibilisé des politiques à la question.

La secrétaire d’Etat à la Solidarité, Valérie Létard, a appelé jeudi “à la responsabilité des dirigeants des sites de vidéo en ligne pour qu’ils retirent immédiatement” la chanson litigieuse, dont les paroles incitent “à la violence envers les femmes”.

La ministre de la Culture, Christine Albanel, a fait la même demande vendredi, en se déclarant “révoltée” par cette chanson, “apologie sordide de la brutalité envers les femmes, d’une cruauté inouïe”.

Les plateformes de partage de vidéos YouTube et Dailymotion ont restreint aux internautes adultes l’accès au clip controversé mais elles ne l’ont pas retiré pour le moment, en dépit des demandes gouvernementales.

Désormais, pour voir ce contenu, les internautes doivent confirmer avoir au moins 18 ans et s’enregistrer en donnant une adresse électronique.

“Le contenu de la vidéo ne nous semble pas manifestement illégal”, a déclaré un porte-parole de YouTube (Google France) interrogé par l’AFP. “Toutefois, sur réquisition judiciaire, nous pourrions le retirer”, a poursuivi la société.

La présence du rappeur au Printemps de Bourges fait également débat. Dans un communiqué jeudi, les organisateurs de ce festival ont jugé “inacceptable” le titre “Sale pute” du rappeur, mais ajouté que l’artiste ne serait pas déprogrammé car sa prestation n’inclura pas cette chanson.

La secrétaire nationale du Parti communiste français, Marie-George Buffet (PCF), avait écrit au directeur du Printemps de Bourges pour qu’Orelsan n’y interprète pas cette chanson.

Mais l’association Ni Putes Ni Soumises demande que l’artiste soit purement déprogrammé du Printemps de Bourges. “Nous ne pouvons nous satisfaire de la seule censure de la chanson +Sale pute+, indique l’association prête à appeler “au boycott du Printemps de Bourges si cet artiste est encore programmé”.

Le PS a demandé lui aussi que la chanson soit retirée des sites internet et que son auteur soit déprogrammé du festival.

“Approuvant le retrait de la chanson d’Orelsan de la programmation du Printemps de Bourges”, les jeunes de l’UMP ont estimé qu’on ne pouvait “pas tolérer” que le Rap, “desservi” par ce morceau, “véhicule la pensée malade de +caïds+ qui ont fait du machisme et de la haine envers les femmes un insoutenable fond de commerce”.