L’UE trouve un accord minimal sur la relance, pour sauver la face

[19/03/2009 23:50:04] BRUXELLES (AFP)

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èque Mirek Topolanek (c) et Bernard Kouchner, le 19 mars 2009 à Bruxelles (Photo : John Thys)

Les dirigeants européens se sont résolus dans la douleur jeudi soir à financer des projets d’investissement communs dans l’énergie, après des mois de tractations qui ont souligné la difficulté de l’UE à se mobiliser résolument face à la crise économique mondiale.

“Nous sommes parvenus à un compromis auquel tout le monde peut souscrire”, a déclaré à la presse le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek, dont le pays préside l’UE, à l’issue de la première journée d’un sommet européen à Bruxelles.

Cet accord porte sur une enveloppe de 5 milliards d’euros principalement pour des projets d’infrastructure dans l’énergie, pour 4 milliards d’euros, et le reste dans l’amélioration de l’accès à l’internet à haut débit dans les zones rurales.

Les pays européens négociaient sans succès depuis plus de trois mois sur ces projets, qui constituent pourtant la seule contribution du budget de l’UE aux efforts de relance européens. La quasi-totalité provenant de mesures nationales.

L’UE ne sort pas grandie de cette période de tractations de marchands de tapis, où chaque Etat a cherché à en avoir pour son argent. D’autant que les montants en jeu restent marginaux par rapport aux centaines de milliards d’euros dépensés par ailleurs pour soutenir les banques ou l’activité économique dans le monde.

Les difficultés éprouvées pour se mettre d’accord “sont très graves car vraiment symboliques de l’incapacité de l’Europe à agir” du fait notamment de la lourdeur de ses procédures de décisions, a estimé le directeur du centre de réflexion Bruegel, Jean Pisani-Ferry.

La plupart des gouvernements européens ont beaucoup rechigné à accepter cette contribution car ils estimaient que les projets étaient à long terme alors que l’urgence est à la relance immédiate.

Pour surmonter le blocage, un compromis a été trouvé pour appliquer des conditions strictes aux projets énergétiques: l’argent devra être dépensé dans les deux ans, d’ici fin 2010. Ce qui ne s’annonce pas simple pour plusieurs d’entre-eux, dont le démarrage est encore lointain.

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ésident de la Commission européenne José Manuel Barroso, le 19 mars 2009 à Bruxelles (Photo : Dominique Faget)

C’est le cas notamment du gazoduc Nabucco, censé permettre à partir de 2013 d’acheminer le gaz de la mer Caspienne vers l’Europe et de réduire la dépendance européenne au gaz russe. Il est encore loin de la phase d’investissement car ses promoteurs ne sont même pas sûrs d’avoir suffisamment de gaz à faire transiter vers l’Europe pour justifier les frais.

L’Allemagne a été parmi les plus critiques à l’idée d’inclure le projet Nabucco, qui finalement pourra recevoir 200 millions d’euros, pour un coût total estimé aujourd’hui à 8 milliards d’euros.

Le texte stipule qu’un critère de “maturité” devra être impérativement rempli pour que les projets liés à l’énergie puissent être financés. Le projet devra ainsi avoir “atteint le stade des investissements et entraîner des apports de fonds substantiels d’ici fin 2010”, selon le texte.

Cette condition de rapidité risque de facto d’exclure du financement une bonne partie des projets et de limiter d’autant la portée du projet.

La plupart des pays restent peu convaincus par cette enveloppe pour laquelle la Commission fait le forcing. Mais politiquement, le coût d’un échec aurait été très élevé pour l’UE au moment où elle traverse sa pire récession depuis plus de 60 ans.

La volonté “de se débarrasser de cette histoire” l’a emporté, a résumé un diplomate européen de haut rang.