A 2 jours de la réunion Opep, nouveaux arguments pour baisser la production

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étrolier près de Bassorah en Irak le 3 février 2009 (Photo : Essam al-Sudani)

[13/03/2009 21:31:37] VIENNE (AFP) Les révisions à la baisse de la demande pétrolière mondiale par l’AIE et l’Opep ont fourni vendredi des arguments aux pays de l’Opep prônant une nouvelle baisse de la production, à l’avant-veille d’une réunion du cartel à Vienne, dont l’issue reste incertaine.

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole pourrait décider de “maintenir son quota actuel de production ou constater un excédent de l’offre qui nécessiterait une nouvelle baisse de la production”, a affirmé avant de s’envoler pour Vienne, siège du cartel, le ministre koweïtien du Pétrole, cheikh Ahmad Abdallah al-Sabah.

L’effondrement des prix, jusqu’à 32,40 dollars le baril mi-décembre, a été enrayé depuis le début de l’année. Les cours se sont stabilisés au-dessus de 40 dollars mais restent loin des 75 dollars souhaités par l’Opep, qui pompe 40% de l’or noir mondial.

L’Iran, membre “dur” de l’Opep, a prôné une nouvelle baisse de production dimanche, et l’Algérie a prévenu que si l’Opep n’agissait pas en ce sens, les prix risquaient de chuter davantage.

A son arrivée dans la capitale autrichienne vendredi, le ministre vénézuélien du pétrole, Rafael Ramirez, a expliqué que les pays membres devaient respecter à 100% l’engagement de produire moins pris à la fin de l’année et qu’une nouvelle baisse de production allait être discutée.

“La situation économique mondiale est pire que ce que tout le monde avait prévu. La demande est détruite, nous avons une estimation d’1 à 1,5 million de barils par jour” de déclin (de la demande mondiale) en 2009, a-t-il affirmé.

Le ministre faisait directement référence aux diagnostics publiés vendredi par les analystes de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et l’Opep, qui ont semblé fournir des arguments en faveur d’un sevrage plus agressif du marché.

L’AIE, qui défend les intérêts des pays consommateurs, a revu à nouveau à la baisse sa prévision de demande mondiale de pétrole en 2009 à 84,4 millions de barils par jour (mbj) vendredi contre 84,7 mbj à cause des effets de la crise en Asie, en Russie et aux Etats-Unis, soit une baisse d’1 mbj sur un an.

L’Opep a, elle aussi, fortement abaissé ses prévisions pour 2009 et annoncé une chute de la croissance de la demande de brut de 1 mbj, dans le contexte de la crise économique mondiale.

L’indécision semblait toutefois prévaloir à deux jours de la réunion ministérielle de mars du cartel. “Toutes les options restent ouvertes”, a souligné le ministre koweïtien. Deux jours plus tôt, son collègue algérien, Chakib Khelil, avait reconnu l’existence “d’avis divergents”.

La grande inconnue est la position de l’Arabie saoudite, qui ne s’est pas exprimée publiquement mais a fait savoir, dans un article du quotidien arabophone Al Hayat, qu’elle souhaitait un meilleur respect des quotas avant d’aller plus loin. De nombreux analystes ont également interprété le fait que Ryad avait maintenu à l’identique ses livraisons en Asie pour le mois d’avril comme le signe que le royaume wahhabite voulait un statu quo de la production.

Par ailleurs, l’AIE a souligné dans son rapport mensuel que les baisses de production de l’Opep, qui a retiré du marché 4,2 mbj (par rapport à son niveau de production de septembre), commençaient à porter ses fruits et faire remonter les cours.

Une baisse de plus “risque donc d’aller trop loin” et “d’entraîner une envolée des prix du brut” à la fin de l’année, ce qui est “la dernière chose dont l’économie mondiale a besoin en ce moment”, a averti son analyste en chef David Fyfe, interrogé par l’AFP.