«L’avenir de l’industrie tunisienne est prometteur», malgré et «grâce» à la crise

Par ces temps de crise qui, partie de la sphère financière,
affecte aujourd’hui l’économie réelle, y compris en Tunisie, M. Afif Chelbi a
l’optimisme bien chevillé au corps en ce qui concerne l’avenir de l’industrie
tunisienne. Le ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Petites et Moyennes
entreprises n’en doute pas un instant : les perspectives de ce secteur sont
«prometteuses», ainsi que le démontre l’étude stratégique analysant l’avenir de
ce pan de l’économie nationale à l’horizon 2016. Certes, les effets de la crise
sont bel et bien là, ainsi que M. Afif Chelbi l’a expliqué jeudi 15 janvier
2009, lors d’une conférence de presse. «Dans l’ensemble, le bilan de l’année
écoulée est plutôt bon. Le secteur industriel a réalisé en 2008 d’excellents
résultats, malgré la forte concurrence à l’échelle mondiale. Les exportations
manufacturières ont atteint 18.7 milliards de dinars en 2008, réalisant une
progression de 20%», note le ministre. Qui rappelle que cela veut dire que «les
objectifs tracés par le 11ème plan pour 2010 ont été dépassés» en 2008.

Toutefois, la crise a commencé à se faire sentir au cours des deux derniers
mois de l’année écoulée qui ont enregistré un recul des exportations
manufacturières de 1,5%, en comparaison avec la même période de 2007. Mais même
s’il attend à ce que la crise fasse ressentir pleinement ses effets en 2009, le
ministre en voit aussi le bon côté : «la crise offre des opportunités à
l’industrie tunisienne» et qu’elle doit saisir. Et c’est, explique-t-il, pour
l’aider à le faire que le président Ben Ali a décidé en même temps des mesures
de soutien «conjoncturelles» et «structurelles» pour permettre aux entreprises
de faire aux difficultés auxquelles elles pourraient se trouver confrontées, et
de «saisir les opportunités structurelles». Et celles-ci existent parce que «les
entreprises européennes également sont sous une pression qui les oblige à
rechercher des pays où elles peuvent produire à un coût inférieur», analyse le
ministre. La preuve en est des projets –dont ceux des composants automobiles à
Béjà et Kairouan, et aéronautiques- décidés et entrés en production –ou sur le
point de le faire- en pleine crise économique mondiale. «C’est pour la première
fois depuis plusieurs dizaines d’années que nous voyons de tels grands
investissements générant plus de 1000 emplois, et de surcroît dans des régions
de l’intérieur», se félicite M. Chelbi.

Le ministre de l’Industrie, de l’Energie et des PME trouve, enfin, dans
l’histoire une dernière raison d’avoir une confiance inébranlable en l’avenir du
secteur dont il a la charge. En 1995, se rappelle-t-il, on avait pensé que
l’industrie tunisienne allait être soumise à de «très fortes pressions», en
raison de l’accord de libre-échange conclu alors avec l’Union européenne. Or,
non seulement l’industrie a tenu le coup, mais nos exportations ont plus que
quadruplé depuis, passant d’un peu plus de 4 milliards de dinars à plus de 18,7
milliards.