Banques : le plan de sauvetage américain de plus en plus critiqué

[17/10/2008 12:33:07] WASHINGTON (AFP)

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Ben Bernanke, Henry Paulson et Christopher (Photo : Chip Somodevilla)

Le plan de sauvetage des banques américaines suscite aux Etats-Unis de plus en plus de critiques, les apports d’argent frais promis aux institutions financières contrastant avec le probable renchérissement du crédit pour leurs clients, selon les experts.

D’un côté, le Trésor va recapitaliser les banques en dépensant 250 milliards de dollars pour prendre des participations au capital de dizaines d’établissements, en menant de front de multiples opérations de soutien pour réamorcer la pompe du crédit.

De l’autre, il y a fort à parier, selon les économistes, que ces banques, revenant à la prudence et tâchant de préserver leurs marges, reverront à la hausse les taux accordés aux particuliers. Et pour ces derniers, pas de plan de sauvetage en vue. “Malgré les baisses de taux répétées, le taux réel pertinent pour une grande part de l’économie est environ le même qu’en décembre”, relevait jeudi Menzie Chinn, professeur à l’université du Wisconsin. Le taux directeur de la Fed était alors à 4,25%, contre 1,5% aujourd’hui.

La contradiction n’a pas échappé à certains membres de l’administration Bush eux-mêmes.

La présidente de l’agence fédérale américaine de garantie des dépôts bancaires (FDIC), Sheila Bair, s’est montrée la plus critique, après avoir pourtant été associée à l’élaboration du plan du Trésor. “Pourquoi les politiques ont-ils tellement tenu à ce que l’on n’aide pas les emprunteurs de manière excessive, alors qu’ensuite nous fournissons cette assistance massive à un niveau institutionnel ? Je ne le comprends pas”, a-t-elle déclaré jeudi dans le Wall Street Journal.

Depuis plusieurs semaines, le fossé entre Wall Street et “Main Street”, où vit l’Américain moyen, est un des thèmes récurrents de la presse américaine. “Ce plan a pour but de stimuler le crédit, pas de récompenser les actionnaires des banques avec des dividendes généreux. Il faut plus d’assurances que les dollars du contribuable ne finiront pas dans la poche des actionnaires”, affirmait jeudi l’éditorial du Philadelphia Inquirer.

“Que se passera-t-il si les banques s’assoient sur cet argent ? Bonne question. C’est un peu ce qui s’est passé avec les 800 milliards de dollars de prêts d’urgence à court terme que la Réserve fédérale a injectés dans le système bancaire ces derniers mois”, écrivaient pour leur part les journaux du groupe McClatchy.

Certains analystes partagent cette crainte.

“C’est la faille de ce plan : il n’y a aucune garantie que les banques utiliseront cet argent pour prêter de nouveau, pour redonner confiance dans le marché du crédit. Elles peuvent aussi s’en servir pour renforcer leurs bilans”, a estimé Gregori Volokhine, de Meeschaert New York, interrogé par l’AFP.

“Ce choix de récompenser ceux qui ont manqué de moralité en diminuant leurs intérêts au détriment de ceux qui ont été prudents et des contribuables américains est (justement) une des cause des calamités économiques et financières actuelles”, a renchéri Bill King, de M. Ramsey King Securities.