Sommet UE : la récession menace l’unité attendue sur la crise financière

[15/10/2008 22:40:15] BRUXELLES (AFP)

photo_1224082518401-9-1.jpg
çois Fillon, Nicolas Sarkozy et le président du Parlement européen Hans-Gert Pöttering, le 15 octobre 2008 à Bruxelles (Photo : Gérard Cerles)

Les 27 pays de l’Union européenne “approuvent” le plan d’aide au secteur financier annoncé dimanche par les dirigeants de la zone euro, a déclaré mercredi soir le président français Nicolas Sarkozy, dont le pays préside l’UE.

Tous les pays européens demandent la tenue d’un sommet mondial d’ici la fin de l’année pour réformer le système financier, a indiqué par ailleurs le chef de l’Etat français Nicolas Sarkozy, dont le pays préside l’UE.

“L’Europe toute entière sans exception approuve les mesures du plan d’action adopté dimanche par l’Eurogroupe”, a indiqué le chef de l’Etat français.

“Je le dis avec prudence”, a néanmoins précisé le président français, les Européens n’ayant pas encore atteint un accord définitif sur le texte qui avalisera ces mesures, en raison de quelques réserves tchèques.

Des dernières modifications à ce texte, préparé par la présidence française de l’UE sur la réponse à apporter à la crise financière, devraient être avalisés jeudi matin.

“Tout le monde est d’accord sur la nécessité à bref délai d’un sommet mondial” pour réformer le système financier, a indiqué M. Sarkozy lors d’une conférence de presse à l’issue du premier jour du sommet européen à Bruxelles.

“Avec (le président de la Commission européenne José Manuel) Barroso, nous porterons ce message aux Etats-Unis samedi”, a-t-il dit. Les deux hommes doivent rencontrer le président américain George W. Bush à Camp David pour parler de la crise financière.

Ce sommet des principales puissances “doit se faire avant la fin de l’année, nous pensons que le mieux c’est novembre”, a déclaré M. Sarkozy.

“Les 27 Etats membres vont approuver la position que les autres Etats membres ont adoptée dimanche dernier”, a également indiqué le chef de file des ministres de la zone euro, Jean-Claude Juncker. “C’est une bonne nouvelle”.

Le plan d’action sur lequel les 15 pays de la zone euro se sont entendus prévoit l’entrée des Etats dans le capital des banques en difficulté et des garanties publiques aux prêts interbancaires pour stabiliser le secteur financier et restaurer la confiance des marchés.

Les Etats membres de l’Eurogroupe garantiront les crédits interbancaires pour une période temporaire, jusqu’au 31 décembre 2009.

Ce plan se chiffre jusqu’ici à près de 2.000 milliards d’euros, soit quatre fois plus que celui de 700 milliards de dollars (512 milliards d’euros) des Etats-Unis.

photo_1224088768068-9-1.jpg
èque Mirek Topolanek et le président français Nicolas Sarkozy, le 15 octobre 2008 à Bruxelles (Photo : Gérard Cerles)

La République tchèque est le seul pays à avoir émis des réserves sur l’extension à toute l’UE de ce plan, qui a permis 48 heures d’accalmie sur les marchés, même si ces derniers ont replongé mercredi en raison des risques de récession qui menacent désormais l’Europe.

Prague a demandé quelques changements “mineurs” au texte préparé par la présidence française de l’UE sur la réponse à apporter à la crise financière, a indiqué une source diplomatique tchèque.

Le gouvernement tchèque, très libéral et hostile à toute intervention étatique, a insisté notamment sur la nécessité d’intégrer dans ce texte l’idée du respect des règles européennes en matière de concurrence et d’aides d’Etat et du respect à long terme le Pacte de stabilité européen malgré la crise, a-t-il indiqué.

“Le gouvernement tchèque semble penser que les forces du libre marché peuvent arranger” la situation actuelle, a dit M. Juncker.

“Je pense que nous avons besoin de nouvelles règles, d’une nouvelle refondation du système financier (…) Le moment est venu pour les gouvernements de réagir et non pas d’espérer que les forces du marché arrangent les choses”, a-t-il poursuivi.

“Je pense que quand le gouvernement tchèque exercera la présidence (de l’UE, au premier semestre 2009, ndlr), il fera l’expérience de la nécessité de prendre les autres en compte”, a-t-il encore ironisé.

Les Européens plaident depuis longtemps en faveur d’un sommet des grands pays industrialisés du G8, élargies aux économies émergentes comme l’Inde ou la Chine, pour parler des moyens de renforcer la surveillance des marchés après la tornade financière.

Washington, d’abord réticent, est désormais d’accord sur le principe. Le forum du G8, qui comprend les Etats-Unis, quatre pays européen (Royaume-Uni, Italie, France et Allemagne), le Japon, le Canada et la Russie, s’est dit favorable mercredi à une telle réunion de haut niveau “dans un avenir proche”, dans un communiqué.

L’Europe reproche aux Etats-Unis d’être en partie responsables de la crise financière après avoir refusé des années durant tout durcissement du contrôle des marchés financiers, au nom de la libre-entreprise. Elle entend à présent peser de tout son poids pour obtenir des avancées au niveau mondial.

“L’Europe présentera une vision commune et ambitieuse : nous ne voulons pas que ça recommence, nous voulons que des conséquences soient tirées de ce que nous connaissons. On est vraiment déterminés à aller au bout de cette refondation”, a dit M. Sarkozy.

Ce dernier a insisté sur l’importance d’inclure dans les discussions les pays émergents. “J’aimerais qu’on me dise comment les Russes pourraient ne pas participer”, a-t-il dit. De même, “la Chine, qui est une puissance monétaire et financière, doit y participer”, tout comme l’Inde, a ajouté le chef de l’Etat.

“Il est évident que cette crise est si importante” qu’il faut que le sommet “concerne toutes les parties”, a souligné M. Sarkozy.