La fusée Ariane 5, un succès européen dont l’avenir fait débat

 
 
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ée à Kourou le 22 juillet 2008 (Photo : Dominique Faget)

[08/08/2008 13:14:47] PARIS (AFP) La fusée européenne Ariane 5 domine largement le marché des lancements de satellites civils dans le monde, mais la nécessité d’en développer rapidement une version plus puissante pour assurer sa pérennité face à la concurrence fait aujourd’hui l’objet d’un débat.

Une fusée Ariane 5 ECA doit lancer deux satellites de télécommunications le 14 août depuis le centre spatial guyanais de Kourou, en Guyane: le japonais Superbird-7 et l’américain AMC-21.

Si le vol se déroule comme prévu, ce sera le 27e succès d’affilée pour Ariane 5, le lanceur fabriqué par EADS Astrium et commercialisé par Arianespace, qui détient une position prépondérante sur le marché des lancements civils.

Sur quinze satellites de télécommunications lancés avec succès en orbite géostationnaire en 2007, douze l’ont été par Arianespace. Deux de ses concurrents directs, Sea Launch (Etats-Unis, Russie, Ukraine) et Proton (Etats-Unis, Russie), ont connu des échecs l’an dernier.

Le carnet de commandes de la société représente vingt-cinq lancements d’Ariane 5, soit plus de trois ans d’activité. Sept tirs sont prévus en 2008.

Pourtant, plusieurs anciens hauts responsables de l’Europe spatiale considèrent qu’Ariane 5 est condamnée à moyen terme si une version plus puissante n’est pas développée rapidement.

Elle est menacée de “disparition du marché commercial”, écrivait cette semaine Frédéric d’Allest, le premier PDG d’Arianespace entre 1980 et 1990, dans une tribune publiée par Le Monde.

“Les satellites grossissent d’environ 120 kilos par an” en moyenne, explique Roger Vignelles, ancien directeur général adjoint du CNES (Centre natinal d’études spatiales) et co-auteur avec M. d’Allest et huit autres responsables d’une lettre ouverte au président de l’Agence spatiale européenne (ESA).

Or Ariane 5, conçue pour emporter deux satellites d’une charge totale de 8,9 tonnes au maximum en orbite de transfert géostationnaire, se trouve actuellement “aux limites de sa capacité”, selon lui. Elle ne serait plus rentable si elle ne pouvait plus emporter qu’un seul satellite.

“La seule solution” pour éviter le déclin d’Ariane est de porter sa capacité à 12 tonnes en développant un nouvel étage supérieur utilisant le moteur réallumable Vinci, actuellement développé par Snecma (Safran), assure M. Vignelles.

Mais “on est déjà très en retard” parce qu’un tel développement prendrait au moins cinq ans et qu’aucune décison claire n’a encore été prise, déplore-t-il.

De son côté, Arianespace récuse toute urgence. “L’objectif maintenant est de fiabiliser Ariane 5 et donc de faire des lancements qui sont tous les mêmes pour de nombreuses années”, affirme son PDG Jean-Yves Le Gall.

“On est sur une stabilisation, en gros, de la masse des satellites, donc on n’a pas de problème de capacité avec Ariane 5 aujourd’hui”, juge-t-il, exemple à l’appui: les deux satellites lancés le 14 août pèsent 7,5 tonnes à eux deux, soit 1,4 tonne de moins que la capacité maximale de la fusée.

“Aujourd’hui, Ariane a 85% du marché, le carnet de commande est plein: dire que la situation est catastrophique est exagéré”, confirme Toni Tolker-Nielsen, chef du programme Ariane à l’ESA.

La décision de lancer une étude approfondie pour une Ariane 5 plus puissante devrait être entérinée lors de la conférence ministérielle de l’ESA à La Haye les 25 et 26 novembre prochains. La décision définitive de lancer le programme serait ensuite prise en 2011.

Selon les plans de l’ESA, l’Ariane 5 améliorée serait disponible “à l’horizon 2015-2016” et son successeur, le lanceur de nouvelle génération (NGL), vers 2025.

 08/08/2008 13:14:47 – Â© 2008 AFP