L’arrivée d’une femme à la tête du patronat secoue une Italie conservatrice

 
 
CPS.HJV86.290208124345.photo00.quicklook.default-157x245.jpg
Emma Marcegaglia bientôt à la tête de la Confindustria, le patronat italien, à Rome le 17 octobre 2007 (Photo : Garufi Francesco)

[29/02/2008 11:50:32] MILAN (AFP) L’arrivée d’une femme, Emma Marcegaglia, une “Lady d’acier” de 42 ans, à la tête du patronat bouscule le milieu des entrepreneurs italiens, qui leur accordent d’habitude bien peu de place.

Elles ne sont guère plus de 5% à figurer dans les conseils d’administration des sociétés italiennes cotées en Bourse et n’occupent pas plus de 9% des postes de management de haut niveau, selon une recherche de l’Université Bocconi de Milan.

Candidate à la succession de l’actuel patron des patrons, Luca Cordero di Montezemolo, Emma Marcegaglia a reçu mardi un soutien massif de la part des chefs d’entreprise, qui ont voté à 95% en sa faveur, avant sa désignation officielle le 13 mars.

Il aura fallu près d’un siècle pour qu’une femme accède pour la première fois à la direction de la Confindustria, le patronat italien.

“Il s’agit de l’adhésion la plus élevée jamais enregistrée dans l’histoire des consultations pour le renouvellement de la présidence de Confindustria”, a souligné la confédération.

“C’est bien la preuve que le monde de l’entreprise italien n’est pas aussi macho! Tout le monde regarde cette nouveauté avec un grand intérêt”, commente Ivan Lo Bello, président du patronat sicilien.

“Cette présidence au féminin est un signe très positif pour le pays. Elle devrait encourager une présence majeure des femmes à des postes de direction dans les entreprises”, a-t-il ajouté.

“C’est une nouveauté importante. Un message lancé aux entreprises et au pays tout entier”, renchérit Pietro Ichino, professeur de droit du travail à l’Université de Milan.

“Pas seulement parce qu’Emma Marcegaglia est une femme, mais parce qu’avec sa personnalité elle pourra jouer un rôle d’ouverture décisif pour réformer le système conservateur du patronat italien”, estime-t-il.

“Le nombre de femmes aux postes de direction dans les entreprises italiennes est l’un des plus bas d’Europe. Le problème, c’est que dans notre pays, on n’accorde pas d’importance au mérite. Par ailleurs, le contexte professionnel est souvent agressif et pousse les femmes à fuir le monde des entreprises”, souligne Cristina Bombelli, également professeur à Bocconi.

Mais il en faut plus apparemment pour effrayer Emma Marcegaglia, une jolie femme aux cheveux châtain, surnommée la “Lady d’acier”.

Originaire de Mantoue dans le nord du pays, après son diplôme en économie d’entreprise et un master à la Business University de New York, elle a commencé à travailler à 23 ans dans l’entreprise familiale Gruppo Marcegaglia, dont elle est aujourd’hui l’administrateur délégué, chargée de l’administration et des finances, aux côtés de son frère Antonio.

Spécialisée dans la transformation de l’acier, cette entreprise qui a réalisé un chiffre d’affaires de 4,2 milliards d’euros en 2007 est le 10ème groupe industriel italien.

Réputée pour sa ténacité et ses manières courtoises, mariée et mère d’une fillette, Emma Marcegaglia affiche également une longue expérience au sein de la Confindustria.

Première femme présidente des jeunes industriels de 1996 à 2000, elle a occupé ensuite divers postes à la vice-présidence de la confédération des patrons. “Elle est très déterminée, possède une grande capacité d’analyse tout en sachant rester modeste et à l’écoute des autres. Et puis, elle ne ménage pas ses efforts. Pour elle, donner le maximum est un impératif”, confie à l’AFP sa secrétaire Patrizia Longhini, qui la côtoie depuis 17 ans.

Une main de fer dans un gant de soie, dont les Italiennes attendent beaucoup.

 29/02/2008 11:50:32 – © 2008 AFP