Avec la réouverture du musée de la Finance, Wall Street récupère sa mémoire

 
 
CPS.HYD79.160108105528.photo00.quicklook.default-245x163.jpg
Des traders, le 12 novembre 2007 à New York (Photo : Stan Honda)

[16/01/2008 10:07:22] NEW YORK (AFP) Au numéro 48 de Wall Street, dans le Sud de Manhattan, une banderole proclame: “The Money, The Power, The History” (l’argent, le pouvoir, l’histoire). Là où fut fondée la première banque de New York, le musée américain de la Finance prend ses nouveaux quartiers.

“C’est impressionnant!”, s’extasie Anita Greene, 40 ans et boursicoteuse à ses heures, en balayant du regard les 30.000 mètres carrés de cet immense hall de banque, transformé en mémoire de la célèbre place financière.

Ecrans géants, fresques murales illustrant les balbutiements de Wall Street, galeries remodelées sur le célèbre parquet du New York Stock Exchange (NYSE), le musée ne lésine pas pour séduire au delà du petit monde de la finance.

Ouvert une première fois un an après le krach boursier d’octobre 1987 dans l’Est de Manhattan, le musée n’était jamais vraiment sorti de l’anonymat.

Après un déménagement et neuf millions de dollars de travaux, il espère maintenant attirer plus de 100.000 visiteurs par an, grâce à la fermeture du NYSE – à un bloc d’immeubles plus loin – interdit au public au lendemain des attentats du 11 septembre 2001.

“C’est le seul musée au monde qui vous permet d’apprendre comment la Bourse fonctionne”, s’excite Paul Davis, étudiant en mastère de Finances.

Eveiller aux mécanismes des marchés, forger l’esprit entrepreneurial et susciter de nouvelles vocations, voilà les missions que s’assigne le musée.

Pour y parvenir, il expose plus de 10.000 objets et documents. Du célèbre uniforme du “trader”, au maillet qui marquait les heures d’ouverture et de clôture de Wall Street (avant d’être remplacé en 1983 par une cloche), en passant par l’arrêt de la Cour suprême établissant le libre commerce entre les Etats américains, le visiteur est appelé à explorer les évolutions de Wall Street.

Le combiné du courtier calé contre son oreille, les yeux rivés à un écran au néon vert, Jonathan Noth est en train de simuler un ordre d’achat. A deux pas de lui, Steeve Massey et Norman Burlington, la cinquantaine entamée, paraissent plongés dans leurs souvenirs devant les images du krach de 1987, diffusées en boucle sur un écran encastré dans un mur en carton.

“C’était il y a 20 ans, tu te rends compte. Ce jour-là le volume des échanges était pourtant élevé et soudain tout est parti en vrille. Le Dow [Jones, indice vedette de Wall street] a perdu plus de 500 points comme un jeu”, se remémore Norman, qui travaillait à l’époque pour la banque d’affaires Bear Stearns.

“Quand tu m’as appelé, je ne te croyais pas. J’ai mis la radio, rien. Ce n’est que quand j’ai vu les titres des journaux que je me suis dit +oui c’est vrai+”, lui répond Steeve, qui était de repos ce 20 octobre “maudit”.

1987-2007, une coïncidence ? s’interroge à haute voix Robert McKenzie, courtier chez Goldman Sachs, plongé dans les archives, en référence à la crise financière actuelle. “Vu le désastre des +subprimes+, j’ai décidé de venir faire un tour pour essayer de comprendre ce qui s’était passé en 1987, comment le marché avait réagi. Ca peut nous aider aujourd’hui”, explique-t-il.

Qu’en-a-t-il tiré alors ? “Tout est un cycle. Même si chaque crise à ses spécificités, j’ai appris qu’il faut faire très attention; ça paraît bête, mais c’est important”, ajoute-t-il.

Dans la boutique de souvenirs, Robert Steinbrück, fonctionnaire, effectue quelques emplettes. Il tourne à la va-vite les pages d’un livre de conseils du milliardaire Warren Buffet. “Je vais le lire et après je pense que je pourrais boursicoter”, dit-il, en récupérant sa monnaie.

 16/01/2008 10:07:22 – © 2008 AFP