Erdogan et Caramanlis lancent le premier gazoduc turco-grec

 
 
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Recep Tayyip Erdogan (droite) et Costas Caramanlis lors du lancement du projet de gazoduc à Ipsala le 3 juin 2005 (Photo : Ali Ozluer)

[18/11/2007 16:09:45] EVROS (AFP) Les Premiers ministres grec et turc Costas Caramanlis et Recep Tayyip Erdogan ont inauguré dimanche le premier gazoduc reliant leurs pays, un ouvrage qui scelle leurs bonnes relations économiques et diversifie l’approvisionnement gazier européen.

Au son d’une musique aux accents héroïques, les deux hommes se sont rejoints à pieds sur un pont au-dessus du fleuve Evros, qui marque la frontière naturelle entre leurs deux Etats. Ils ont ensuite participé à une série de discours et cérémonies des deux côtés de la frontière.

En fin de journée, les services de M. Caramanlis ont fait savoir que celui-ci devrait se rendre en Turquie au début de l’année 2008, ce qu’aucun Premier ministre grec n’a fait depuis une cinquantaine d’années.

“Ce gazoduc apportera la prospérité dans la région, dans tous les domaines”, a lancé le Premier ministre turc. “Nous voyons une nouvelle route de la soie entre l’Est et l’Ouest dans le secteur énergétique”, a-t-il poursuivi.

Ce projet place la Grèce et la Turquie au rang de “corridor énergétique jusqu’à l’Europe centrale”, a souligné de son côté Costas Caramanlis.

“Dans un futur proche, la Grèce et la Turquie seront capables de contribuer en commun à la distribution d’énergie en Europe, à un moment où cette distribution a une importance stratégique cruciale”, a-t-il poursuivi.

Opérationnel depuis l’été, le gazoduc, d’une longueur de 296 km pour une capacité de 11,5 mds/m3 par an, achemine du gaz azéri depuis la mer Caspienne.

Pour le moment il ne fournit que la Grèce mais il sera raccordé d’ici 2011 à un autre gazoduc qui traversera le pays pour servir l’Italie et l’ouest européen, ce qui en fait un ouvrage stratégique pour l’Union européenne, qui souhaite sortir de sa dépendance aux sources énergétiques russes.

Présent aux côtés des deux Premiers ministres – tout comme le président d’Azrbaïdjan, Ilham Aliyev – le secrétaire d’Etat américain à l’Energie Samuel Bodman a salué le projet, soulignant qu’il s’agissait du “premier lien” entre les fournisseurs d’Asie centrale et “les consommateurs européens”.

“Sa présence marque le début d’une expansion du marché conduisant à une diversification pour les consommateurs et les fournisseurs, qui n’auront qu’à se féliciter de cette compétition”, a-t-il ajouté.

Depuis le lancement du chantier en 2005 les Etats-Unis ont mis tout leur poids dans ce projet, d’un coût qui devrait atteindre les 4 milliards d’euros.

Pour Athènes et Ankara, qui il y a seulement onze ans étaient encore au bord d’un conflit armé, le gazoduc représente aussi l’occasion de renforcer leurs relations économiques.

Car si sur le plan diplomatique les deux pays, pourtant tous deux membres de l’Otan, sont loin d’avoir aplani leurs différends – notamment sur Chypre et plusieurs questions de souveraineté en mer Egée – leurs échanges commerciaux et financiers n’ont cessé de croître ces dernières années.

La part des importations turques en Grèce a ainsi plus que doublé entre 2000 et 2006, passant de 1,18% à 2,62%, pour atteindre 1,3 milliard d’euros. Dans le même temps, la Grèce est devenue l’un des principaux investisseurs de l’autre côté de la frontière, notamment dans le secteur bancaire.

Autre avantage pour Athènes : la gaz azéri va lui permettre de diversifier ses sources d’énergie

“La Grèce produit environ 80% de l’énergie qu’elle consomme, dont 65% provient du lignite (charbon), qui dégage d’énormes quantités de CO2. Pour répondre aux nouvelles exigences environnementales, qui ne cessent de se renforcer, le gaz s’avère bien moins polluant”, soulignait récemment un expert européen.

Les principales entreprises impliquées dans le projet sont la holding italienne Edison, la régie nationale grecque du gaz Depa et la turque Botas.

 18/11/2007 16:09:45 – © 2007 AFP