Calcul du chômage : vers un taux trimestriel et révisé à la hausse

 
 
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Annonces de formation dans une ANPE (Photo : Mychèle Daniau)

[22/09/2007 13:47:30] PARIS (AFP) Un rapport à paraître lundi préconise d’abandonner le taux de chômage mensuel calé sur les données ANPE, jugé trop incertain, tandis que l’Insee devrait annoncer en novembre une révision à la hausse des chiffres officiels, dont le niveau fait déjà polémique.

Pour le collectif de statisticiens ACDC (“Autres chiffres du chômage”), le rapport Igas-IGF (Affaires sociales et Finances), révélé par les Echos et Le Monde et que le ministère de l’Economie et de l’Emploi doit publier lundi, a le mérite de confirmer implicitement le caractère “biaisé” des statistiques mensuelles de l’ANPE.

Avec les associations de chômeurs et plusieurs syndicats, il met en effet en cause depuis des mois le baromètre officiel du chômage, qui ne comptabilise pas dans la catégorie de référence les demandeurs d’emploi exerçant une petite activité, ceux en formation ou les chômeurs “radiés des listes de façon abusive”.

Comme le taux de chômage BIT (Bureau international du travail) calculé mensuellement par l’Insee est “calé” sur ces données ANPE, le rapport préconise que l’institut économique mette un terme à cet exercice incertain.

L’Insee pourrait dès lors se contenter de publier une fois par an le taux de chômage issu de son enquête Emploi, mais les comparaisons européennes le contraignent pour le moins à une publication trimestrielle, quitte à l’assortir d’une fourchette. Le rapport l’invite aussi à doubler son échantillon (75.000 personnes).

“On peut se féliciter que le rapport reprenne à son compte certaines conclusions des états généraux sur les chiffres du chômage organisés en mai 2007 par le collectif ACDC: publication trimestrielle calée sur l’enquête Emploi de l’Insee, sans lien avec les statistiques de l’ANPE”, a réagi le collectif.

Pour autant, la polémique rebondit déjà, car l’Insee doit annoncer en novembre de combien il réévalue le taux de chômage. Il avait en effet repoussé en mars dernier cette publication pour cause d’incertitudes techniques, alimentant la polémique à l’approche des élections.

Selon Les Echos et le Monde, le rapport évoque une révision prochaine de 0,3 à 0,4 point environ, portant le taux de chômage à 8,3% ou 8,4%, au lieu des 8% affichés en juillet.

Mais, pour le collectif, il s’agirait “d’une correction en trompe l’oeil”: d’après lui, le taux devrait normalement être réévalué d’1 point pour atteindre environ 9%.

Ses experts dénoncent à l’avance “un scénario” qui consisterait pour le gouvernement à combiner “sans attendre novembre” cette révision de l’Insee, un alignement sur la définition Eurostat du chômage, qui “comptabilise de 200.000 à 300.000 de moins en métropole que l’Insee”, et le fait que les départements d’outre-mer doivent être prochainement intégrés dans le baromètre officiel.

La hausse ne serait alors plus que d’environ 0,5 point. “Cette embrouille subtile présente l’avantage de donner l’impression d’un faible recalage”, attribué surtout “à la prise en compte des DOM”, commente le collectif.

“Compte tenu de la méthode choisie par le gouvernement pour communiquer sur ce rapport, en distillant des informations incomplètes et invérifiables auprès de quelques médias choisis, on peut penser que c’est ce scénario qui se déploie aujourd’hui”, ajoute-t-il.

“Les recommandations du rapport ne porteront que sur les modalités d’établissement des statistiques du chômage en France, et non sur le niveau du taux de chômage lui-même”, souligne pour sa part le ministère de l’Economie et de l’Emploi, se défendant de toute interférence avec cette prérogative de l’Insee.

 22/09/2007 13:47:30 – © 2007 AFP