Décès du “tycoon” espagnol des médias, Jésus de Polanco, patron de Prisa

 
 
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Jesus de Polanco au cours du 30e anniversaire du Pais, le 4 mai 2006 (Photo : Javier Soriano)

[21/07/2007 16:40:54] MADRID (AFP) Le magnat espagnol des médias, Jesus de Polanco, fondateur de l’empire Prisa, premier groupe de presse privé espagnol, qui édite le grand quotidien El Pais, mais est aussi présent en France, au Portugal ou en Amérique latine, est mort samedi à Madrid à 77 ans.

Né en novembre 1929, M. de Polanco est décédé “des suites d’une longue maladie”, selon un communiqué du groupe.

Il dirigeait son empire entouré de sa famille, comme dans de nombreux groupes espagnols. Trois de ses quatre enfants figurent dans l’organigramme du groupe, ainsi qu’un de ses neveux.

Un de ses fils, Ignacio, est vice-président et devrait lui succéder à la tête de Prisa, selon des dispositions prises par le conseil d’administration en novembre 2006. M. Polanco détenait plus de 64% du capital du groupe.

Outre El Pais, titre phare du groupe né en 1976, en pleine transition démocratique post franquiste, Prisa possède notamment la radio Cadena Ser, le journal économique Cinco Dias, le quotidien sportif As, la chaîne de télévision Cuatro.

Il est aussi le premier actionnaire de Sogecable, l’opérateur de Canal Plus en Espagne.

Hors du pays, Prisa détient plus de 15% du capital du journal français Le Monde, possède le groupe portugais Media Capital, et de nombreux médias en Amérique latine, comme la radio chilienne Ibero American Radio Chile.

Il est également en train d’acheter le quotidien de référence colombien El Tiempo.

Hors médias, Prisa est présent dans le secteur de l’édition avec la marque Santillana, entre autres.

En 2006, le groupe, qui emploie 14.000 personnes dans 22 pays, a réalisé un chiffre d’affaires de 2,8 milliards d’euros pour un bénéfice net de 228,9 millions d’euros, en progression de 49,8% par rapport à l’année précédente.

M. Polanco affirmait récemment que la “liberté de la presse” était un des “piliers de la société” et qu’il “ne rendra jamais assez hommage à ceux qui informent avec rigueur et indépendance”.

Ses deux fleurons, El Pais, premier quotidien payant d’Espagne, et la radio Cadena Ser, sont relativement proches du pouvoir du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, et M. de Polanco s’est plusieurs fois opposé à la droite au cours de son parcours.

A la fin des années 90, il avait lutté fermement contre le gouvernement conservateur de José Maria Aznar qui voulait freiner ses projets d’expansion.

Plus récemment il avait engagé en mars 2007 un bras de fer avec la droite espagnole en l’accusant d’accointances franquistes. Le parti d’opposition de droite Parti Populaire (PP) avait réagi en boycottant les publications du groupe pendant plusieurs semaines.

Les hommages à ce grand entrepreneur ont commencé à affluer très rapidement, saluant son rôle dans la transition démocratique et l’établissement de la liberté d’expression.

Le gouvernement socialiste a honoré dans un communiqué “son engagement pour la liberté d’expression, la tolérance et les valeurs qui ont rendu possible le renforcement du système démocratique en Espagne”.

Le secrétaire général du Parti Populaire, Angel Acebes a fait part de ses condoléances, tandis qu’une des figures montantes du parti, Alberto Ruiz-Gallardon, a fait part de “sa profonde tristesse et douleur” pour la perte d’un homme “véritablement exceptionnel” qui était son ami et qui avait “construit un grand grand groupe de communication” à partir de zéro.

La famille royale a également envoyé des télégrammes de condoléances.

Une chapelle ardente devait ouvrir à 19H00 à Madrid.

 21/07/2007 16:40:54 – © 2007 AFP