Le projet de mariage entre Gaz de France et Suez au point mort

 
 
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Logo d’EDF au siège du groupe à Paris (Photo : Stéphane de Sakutin)

[17/07/2007 16:48:50] PARIS (AFP) Alors que l’Elysée promettait un dénouement rapide du projet de mariage entre Gaz de France et Suez, ce rapprochement semble au point mort, syndicats et gouvernement souhaitant, de concert, ne pas se précipiter.

Le Premier ministre François Fillon a estimé, vendredi, qu’il n’y avait “pas d’urgence à décider” sur ce projet, alors que le président de la République Nicolas Sarkozy avait promis le 8 juillet qu’une décision serait prise “rapidement”.

Le 1er juillet, le secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant avait indiqué que la décision serait prise “dans les 15 jours”.

Le gouvernement aurait demandé au groupe public gazier de revoir son plan stratégique, avec ou sans Suez, ce qui reporterait de plusieurs mois une décision sur ce mariage, rapportait lundi le quotidien économique La Tribune.

L’Elysée a par ailleurs annulé des rendez-vous pris avec certains syndicats, sans fixer de nouvelle date.

Le projet de fusion GDF-Suez “a du plomb dans l’aile”, estimait mardi un syndicaliste.

Comme Matignon, les syndicats, qu’ils soient favorables à la fusion comme la CFDT ou opposés comme la CGT, considèrent que l’Etat doit prendre le temps réfléchir.

La CGT, qui prône un rapprochement de GDF avec l’électricien public EDF, a estimé mardi que GDF pouvait “rester seul” dans l’immédiat.

La fédération CFE-CGC des industries électriques et gazières a estimé vendredi qu’il n’y avait “pas urgence à décider”.

“Garant de l’intérêt général, l’Etat doit prendre son temps”, estimait la CFDT chimie-énergie fin juin à l’issue d’une rencontre au ministère de l’Economie.

Le gouvernement étudie actuellement plusieurs solutions pour soit rapprocher GDF de Suez, comme prévu initialement, soit le marier avec un autre groupe, soit même le laisser seul.

M. Fillon a laissé entendre vendredi que la principale motivation de ce mariage n’était plus d’actualité.

Il a estimé qu’il “existe des échanges de participation très équilibrés entre les entreprises italiennes et françaises”, alors que le projet Suez-GDF, annoncé en février 2006, visait précisément à contrer une éventuelle offre d’achat de Suez par l’italien Enel.

Le projet initial bute en outre sur des promesses de Nicolas Sarkozy et des modalités financières.

M. Sarkozy, alors candidat à l’élection présidentielle, s’était rallié tardivement au projet, notamment parce qu’il impliquait de privatiser GDF et donc de revenir sur une promesse qu’il avait faite en 2004 quand il était ministre de l’Economie, selon laquelle l’Etat conserverait 70% du capital du gazier.

Quant aux modalités financières, elles prévoient l’échange d’une action Suez contre une action GDF, plus le versement d’un dividende exceptionnel d’un euro par titre aux actionnaires de Suez. Mais l’action Suez vaut actuellement plus cher que celle de GDF, ce qui risque de dissuader les actionnaires de Suez de soutenir l’opération.

Pour faciliter ce rapprochement, des scénarios ont été évoqués visant à faire maigrir Suez ou à faire grossir GDF.

Faire maigrir Suez consisterait à ce que le groupe se sépare de certains actifs, comme Suez Environnement, le pôle eau et propreté de Suez. L’électricien EDF pourrait aussi reprendre au préalable la filiale gazière de Suez, Distrigaz, selon le quotidien économique Les Echos.

Faire grossir GDF consisterait à le rapprocher d’autres groupes comme EDF ou l’algérien Sonatrach, une hypothèse relancée mardi dernier à Alger par M. Sarkozy.

Reste le “statu quo”, c’est-à-dire laisser GDF seul, une option sur laquelle le gouvernement a beaucoup interrogé les syndicats.

 17/07/2007 16:48:50 – © 2007 AFP