L’euro à de nouveaux records, frôle 1,38 dollar

 
 
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Des euros et des dollars (Photo : Bertrand Langlois)

[12/07/2007 11:04:17] LONDRES (AFP) L’euro a atteint jeudi un nouveau record en frôlant le seuil de 1,38 dollar, face à un billet vert plombé par les déboires du crédit hypothécaire à risque aux Etats-Unis, et alors que les tensions grandissent entre contempteurs et défenseurs de l’euro fort.

La devise européenne s’est hissée jusqu’à 1,3794 dollar vers 08H50 GMT, un niveau jamais vu depuis son lancement.

Elle valait 1,3788 vers 09H30 GMT.

Cette poussée s’explique partiellement par la santé économique de la zone euro, et les perspectives d’y voir grimper les taux d’intérêt, mais dans le contexte actuel, c’est surtout le billet vert qui faiblit.

“Le dollar est sur la défensive en raison des malheurs affectant le marché immobilier américain, en particulier le secteur du crédit hypothécaire à risque”, explique Gavin Friend, économiste à la Commerzbank.

Les crédits à risque, “subprime” en anglais, sont accordés avec des critères bien moins stricts que les crédits ordinaires. Marché florissant à l’époque de l’argent pas cher, il est en pleine déliquescence aux Etats-Unis alors que les ménages en difficulté ont les plus grandes peines à honorer leurs échéances, sur fond de remontée des taux d’intérêt.

L’un des gouverneurs de la Réserve fédérale américaine, Kevin Warsh, a tenté mercredi d’apaiser les craintes en estimant que le risque d’une propagation de cette crise à l’ensemble du secteur financier, puis de l’économie en général, était minime.

“Il existe tout de même une forte chance de voir l’économie américaine faiblir”, estiment pour leur part les économistes de la banque ABN Amro.

Le débat fait rage en zone euro entre ceux qui s’inquiètent des effets pervers d’une monnaie forte, et ceux qui préfèrent insister sur ses bénéfices, ou relativiser l’impact du taux de change.

Le premier camp est surtout représenté par le président français Nicolas Sarkozy, qui critique à répétition la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), estimant que sa mission exclusive de maintien de la stabilité des prix a des conséquences néfastes pour les exportations et la croissance.

La BCE a relevé ses taux huit fois depuis décembre 2005, et les analystes s’attendent à ce que son taux directeur, pour l’heure établi à 4%, atteigne 4,50% fin 2007 ou début 2008.

M. Sarkozy a demandé mercredi à sa ministre de l’Economie et des Finances, Christine Lagarde, de travailler à l’élaboration d’un “gouvernement économique de l’Europe”, afin notamment de mettre au point une politique de change en zone euro. La France se met ainsi en porte-à-faux avec le credo du G7, qui est que les taux de change doivent être le reflet des forces de marché.

Le président français est d’ailleurs isolé en Europe. La chancelière allemande Angela Merkel répète à l’envi son attachement au principe d’indépendance de la BCE. Le président de la BCE lui-même, Jean-Claude Trichet, a adressé mercredi un message clair à Nicolas Sarkozy – sans le citer – en invitant les hommes politiques à commenter de manière “responsable” les taux de change en zone euro.

Jeudi, le ministre portugais des Finances, Fernando Teixeira dos Santos, dont le pays préside l’Union européenne, a estimé devant les eurodéputés à Strasbourg que le taux de change de l’euro ne posait “pas encore” un problème à l’Europe.

La Commission européenne a pour sa part estimé début juillet que la hausse réelle de l’euro depuis 2001 n’avait eu qu’un “faible impact” sur les exportations de la zone, invitant la France à se pencher sur ses problèmes de compétitivité.

Les tensions pourraient continuer de monter, à mesure que l’euro poursuivra son chemin vers les sommets. “Si la situation ne s’arrange pas aux Etats-Unis, le marché pourrait commencer à lorgner sur le seuil de 1,40 dollar pour un euro dans les deux ou trois semaines qui viennent”, estime Gavin Friend.

 12/07/2007 11:04:17 – © 2007 AFP