Grande-Bretagne : les avantages fiscaux des fonds d’investissement mis en cause

 
 
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Le palais de Westminster à Londres (Photo : Chris Young)

[21/06/2007 07:42:46] LONDRES (AFP) Le régime fiscal des fonds d’investissement, parfois jugé trop avantageux, est dans le collimateur des parlementaires britanniques, alors qu’un projet de hausse des impôts pour ces firmes, de plus en plus puissantes financièrement, agite aussi les Etats-Unis.

Plusieurs dirigeants du secteur ont été entendus mercredi par la Commission des finances du Parlement britannique, qui a ouvert une enquête après que des syndicats eurent dénoncé un “cadeau fiscal” fait aux fonds, qui multiplient les rachats d’entreprises depuis deux ans.

Parmi eux figure notamment Dominic Murphy, associé du fonds américain Kohlberg Kravis Roberts (KKR), qui a racheté récemment le groupe britannique de pharmacies Alliance Boots pour 11,1 milliards de livres (16,5 milliards d’euros), un record pour le secteur en Europe.

Il a aussi signé un record mondial cette année avec le rachat du groupe américain d’énergie TXU pour plus de 44 milliards de dollars, en partenariat avec le fonds Texas Pacific Group et des banques d’affaires.

Damon Buffini et Philip Yea, des firmes britanniques Permira et 3i, ainsi que Robert Easton et David Blitzer, des fonds américains Carlyle et Blackstone, ont aussi été auditionnés.

Les fonds d’investissement, et leurs dirigeants qui se partagent les bénéfices, sont soumis au Royaume-Uni, pour la plus grosse part de leurs revenus, à la taxe de 10% sur les plus-values financières, et non à l’impôt sur les revenus que paient ordinairement les entreprises, à hauteur de 40%.

Ce régime a été dénoncé par le syndicat GMB, par des élus mais aussi par des figures du secteur, comme le Britannique Nicholas Ferguson, patron de SVG Capital, qui a déploré récemment dans la presse que de riches financiers dans la City paient, proportionnellement, moins d’impôts que le personnel de ménage nettoyant leurs bureaux, souvent payé au lance-pierre.

La situation s’est tendue la semaine dernière lorsque Peter Linthwaite, le patron de l’Association britannique de l’investissement privé et du capital-risque (BVCA), principal groupe de lobbying du secteur, a été remercié par ses pairs, faute de les avoir défendus comme ils le souhaitaient lors des premières auditions de l’enquête parlementaire.

Le Premier ministre Tony Blair lui-même a été pris à parti sur le sujet mercredi à la Chambre des Communes, un député reprochant au gouvernement le crédit d’impôt de six milliards de livres accordé chaque année, selon lui, à “quelques-unes des personnes les plus riches du Royaume-Uni”.

La montée en puissance des fonds d’investissement et les revenus mirobolants de leurs dirigeants, à Wall Street comme dans la City, font des vagues également aux Etats-Unis, où deux sénateurs ont présenté la semaine dernière un projet de loi visant à éliminer les avantages fiscaux dont bénéficient ces firmes dans le pays, comparables à ceux du Royaume-Uni.

L’un des fonds les plus puissants, Blackstone, qui s’apprête à entrer en Bourse, a aussitôt mis en garde contre un risque de baisse de ses actions. Plus généralement, les poids lourds du secteur brandissent la menace d’une fuite des capitaux vers les paradis fiscaux.

Ce débat fiscal intervient alors que l’opacité de la gestion des fonds d’investissement, ainsi que leur tendance à fortement endetter les entreprises qu’ils rachètent via la technique du LBO (leveraged buy-out), ont aussi été mis en cause ces derniers mois. Mais la nécessité de mieux réguler le secteur, mise en avant par la France et l’Allemagne, est encore loin de faire l’unanimité au sein du G8, pas plus qu’en Europe.

 21/06/2007 07:42:46 – © 2007 AFP