Arabie : BAE Systems aurait versé des commissions secrètes au prince Bandar

 
 
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Le logo du groupe britannique de défense BAE Systems, le 16 juin 2005 au Bourget (Photo : Pierre Verdy)

[07/06/2007 20:09:46] LONDRES (AFP) Les soupçons de corruption entourant les ventes d’armes de BAE Systems à l’Arabie Saoudite sont revenus sous les projecteurs jeudi avec la révélation dans la presse de commissions versées au prince Bandar, dont le groupe de défense britannique ne semble nier que l’illégalité.

Le prince lui-même a confirmé dans la soirée des versements d’argent par BAE, insistant seulement sur le fait qu’ils n’avaient rien de “secret”.

Le Guardian et la BBC ont affirmé que BAE avait versé secrètement, pendant au moins dix ans, 30 millions de livres par trimestre à l’ancien ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, via une banque de Washington, dans le cadre du contrat de vente d’armes Al-Yamamah signé en 1985 et renouvelé par la suite.

Au total, les versements présumés dépassent 1,2 milliard de livres, soit 1,8 milliard d’euros au taux de change actuel.

BAE Systems a démenti dans un communiqué “toutes les allégations de malversations liées à ce programme (militaire, ndlr) important et stratégique”.

Mais il n’a pas pas démenti des versements d’argent, soulignant que le contrat Al-Yamamah était “un accord de gouvernement à gouvernement” et que “tous les paiements de ce type effectués dans le cadre de cet accord l’avaient été avec l’approbation expresse des deux gouvernements britannique et saoudien”.

Selon la BBC, qui consacre son émission télévisée Panorama à l’affaire lundi prochain, les commissions ont été versées sur deux comptes de l’ambassade saoudienne à Washington et étaient décrites comme des “services d’assistance” dans des clauses secrètes du contrat Al-Yamamah.

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Le prince Bandar, le 3 mars 2007 à Riad (Photo : Hassan Ammar)

Le prince Bandar a pour sa part “catégoriquement démenti” tout secret et tout “pot-de-vin” dans cette affaire, dans un communiqué transmis par ses avocats. Mais il a confirmé que BAE, qui était pourtant le vendeur, a versé des sommes sur des comptes du ministère saoudien de la Défense (MODA) dans le cadre de ce contrat.

Tout en reconnaissant avoir la signature sur ces comptes, il a assuré que “les sommes payées depuis ces comptes étaient exclusivement pour des objectifs approuvés par le ministère saoudien de la Défense et de l’Aviation”, qu’il ne précise pas.

Le prince Bandar ben Sultan a été ambassadeur à Washington de 1983 à 2005, avant d’être nommé secrétaire général du conseil de sécurité national saoudien. Il est considéré comme un négociateur clé du contrat Al-Yamamah aux côtés de l’ancien premier ministre britannique Margaret Thatcher.

Selon les deux médias, les versements ont été mis au jour par une enquête du Serious Fraud Office (SFO), le service britannique de lutte contre la délinquance financière, sur des allégations de corruption concernant les contrats Al-Yamamah. Ils portaient principalement sur la vente et la maintenance de chasseurs Tornado et ont rapporté 43 milliards de livres à BAE.

Les avocats de BAE avaient reconnu dès 2005 l’existence de “services d’assistance” fournis à des responsables saoudiens “dans le cadre des arrangements contractuels du programme Al-Yamamah”, dans une lettre au SFO révélée début avril par le Financial Times. La nature et le montant de ces services n’avait pas été précisée.

Ouverte en 2004, l’enquête du SFO a été annulée en décembre 2006 par le ministère britannique de la Justice au nom de l’intérêt général du pays, notamment en matière de sécurité, alors que l’Arabie Saoudite, selon la presse, menaçait d’annuler un nouveau contrat, cette fois pour des chasseurs Eurofighter, si certains de ses dignitaires étaient mis en cause.

Cette décision, endossée par le Premier ministre britannique Tony Blair, a valu au Royaume-Uni des critiques du comité anti-corruption de l’OCDE, ainsi que d’ONG et d’élus britanniques. Depuis le sommet du G8 à Heiligendamm en Allemagne jeudi, M. Blair n’a pas voulu faire de commentaires sur les accusations personnelles, tout en remarquant que les faits étaient anciens.

BAE Systems fait encore l’objet d’investigations visant des contrats de vente d’armes dans six pays (Roumanie, Afrique du Sud, Tanzanie, Chili, République tchèque et Qatar).

 07/06/2007 20:09:46 – © 2007 AFP