Yuan : les concessions chinoises jugées insuffisantes aux Etats-Unis

 
 
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Un billet de 100 yuans, la monnaie chinoise (Photo : Mark Ralston)

[24/05/2007 21:27:10] WASHINGTON (AFP) Les concessions de Pékin sur le taux de change de sa monnaie sont trop modestes, selon nombre d’élus et de responsables économiques américains, et le président George W. Bush a appelé implicitement jeudi les Chinois à la réévaluer.

Une délégation chinoise conduite par la vice-Premier ministre Wu Yi, venue à Washington dans le cadre du “dialogue économique stratégique” entre les deux pays, a été reçue jeudi par M. Bush à la Maison Blanche.

“L’une des choses que j’ai dites à Madame Wu Yi et à sa délégation est que nous surveillons très étroitement si oui ou non ils vont réévaluer leur devise”, a déclaré le président américain lors d’une conférence de presse.

“Nous apprécions notre relation avec la Chine mais il faut aborder la question de notre déficit de 233 milliards de dollars. Une façon de procéder est de le faire par le biais de la réévaluation de la devise”, a-t-il ajouté.

Pékin avait notamment annoncé la semaine dernière des mesures visant à réévaluer celle-ci.

Mercredi, le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson avait affirmé que ses interlocuteurs chinois “voient clairement la nécessité et ont établi le principe d’une plus grande flexibilité du renminbi” (le nom officiel de la monnaie, également appelée le yuan).

Mais les Chinois eux-mêmes sont restés très discrets sur le sujet alors que les pressions sur l’administration Bush venant du Congrès et des milieux économiques se multiplient pour dénoncer la sous-évaluation de la devise chinoise.

Plusieurs accords ont été annoncés lors de la visite à Washington de la délégation chinoise. Ils concernent notamment les liaisons aériennes, la réduction des obstacles posés à l’échange de services financiers et l’énergie.

Selon Alan Tonelson, analyste pour le US Business and Industry Council, l’échec à obtenir des engagements concrets des Chinois sur la question du yuan ne va pas aider les petites et moyennes entreprises américaines qui sont victimes des importations chinoises à bas prix.

“Nous appelons cela la diplomatie du bavardage”, indique-t-il, “c’est simplement une opération de relations publiques”.

M. Paulson a reconnu lui-même que si les Chinois “sont d’accord avec nous sur le principe, la question est le rythme du changement” dans le taux de change du yuan vis-à-vis du dollar.

“Il s’est un peu accéléré mais je pense qu’il est vraiment dans leur intérêt et dans celui du reste du monde de bouger plus vite”, a-t-il dit.

Mme Wu a également lancé un message voilé au Congrès américain en affirmant que les désaccords commerciaux avec la Chine devaient être résolus par la négociation plutôt que par “des menaces et des sanctions”, alors que certains parlementaires américains veulent utiliser l’arme des sanctions commerciales pour faire plier les Chinois.

Mais le démocrate Max Baucus, qui dirige la Commission des finances du Sénat, a appelé à des “résultats concrets”. Un autre démocrate, Charles Schumer, qui dirige la Commission économique du Sénat, a dénoncé “l’aveuglante omission” de toute référence à une appréciation du yuan dans le communiqué diffusé par le Trésor américain à la fin des discussions avec la délégation chinoise.

Un membre de la délégation chinoise, le ministre adjoint des Finances Zhu Guangyao, a toutefois affirmé jeudi que Mme Wu avait affirmé lors de discussions avec des membres du Congrès qu’il ne serait “pas approprié” d’imposer des sanctions en prétextant de la sous-évaluation du yuan.

“Nous espérons qu’ils (les Etats-Unis) comprendront l’importance et la signification des relations économiques et commerciales entre les deux pays et prendront en compte les intérêts d’ensemble des Etats-Unis dans le cadre de toute législation”, a-t-il ajouté.

 24/05/2007 21:27:10 – © 2007 AFP