OMC : Lamy encouragé par la grogne autour de l’agriculture

 
 
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Le directeur général de l’OMC, Pascal Lamy,à Genève le 9 mai 2007 (Photo : Fabrice Coffrini)

[09/05/2007 16:57:48] GENEVE (AFP) Un rapprochement se dessine entre les positions américaine et européennes sur l’agriculture, a observé mercredi l’Organisation mondiale du commerce (OMC), mais ses dernières propositions sur la libéralisation des échanges sont loin de faire l’unanimité.

Commentant l’état actuel des négociations du cycle de Doha, lancées en 2001 dans la capitale du Qatar afin de libéraliser le commerce mondial, le directeur général de l’institution, Pascal Lamy, a dit percevoir “une atténuation des divergences” entre les Etats-Unis et l’Union européenne sur l’agriculture, le point le plus délicat des discussions.

Devant la presse, M. Lamy a qualifié la publication il y a une semaine d’une série de propositions chiffrées par le chef du groupe de négociations sur l’agriculture, Crawford Falconer, de “tournant” dans les négociations.

Ce document “a réussi à rendre les Etats membres raisonnablement mécontents, ce qui est un préalable pour avancer dans la prochaine phase, c’est-à-dire la convergence”, a ironisé Pascal Lamy.

Depuis la publication du texte de M. Falconer, c’est surtout le mécontentement qui a été le plus audible parmi les Etats membres.

S’agissant des subventions agricoles, le texte de Crawford Falconer suggère que les aides directes américaines soient abaissées entre 13 et 19 milliards de dollars par an. Il a souligné que l’actuelle proposition américaine permettrait en fait à Washington d’augmenter à 22 milliards de dollars par an ses versements à ses agriculteurs.

Les Etats-Unis ont réagi en jugeant ce texte “déséquilibré”. “Il y a des limites à ce qui est réaliste”, a fait valoir Washington.

Si les subventions agricoles directes sont un facteur de discorde pour les Américains, c’est la question des droits de douane qui est le point sensible des Européens et de certains pays en développement.

M. Falconer estime que la baisse des droits de douane devra dépasser 50%, et se situer entre 65% et 80% pour les droits les plus élevés.

Mais il ne veut pas plus de 5% de “produits sensibles”, ces produits pour lesquels Bruxelles demande une protection plus forte, comme le boeuf ou les laitages. Il s’oppose en cela à l’UE qui veut conserver 8% de produits sensibles, alors que Washington n’en veut pas plus de 1%.

Le ministre français de l’Agriculture, Dominique Bussereau a donc rejeté le document, indiquant qu’il “ne saurait en aucun cas constituer une base pour les négociations futures.”

De même, une partie des pays en développement s’est offusquée du traitement réservé aux “produits spéciaux”, les biens agricoles locaux qu’ils considèrent vitaux pour leur sécurité alimentaire et le développement rural.

La liste des “produits spéciaux” est trop limitée, selon le G33, un groupe qui rassemble 46 pays en développement à forte population rurale et en majorité importateurs de produits agricoles, tels l’Indonésie, la Chine ou le Kenya.

Seul le G20, groupe des pays en développement majoritairement exportateurs de produits agricoles comme le Brésil a fait entendre un son de cloche plus positif, saluant une base “de discussions fructueuses”.

Deux rencontres ministérielles sur l’OMC se tiendront la semaine prochaine. Une “mini-ministérielle” rassemblant une trentaine de ministres aura lieu mercredi à Paris en marge de la réunion de l’OCDE. Elle sera suivie d’une réunion du G4 jeudi et vendredi, qui rassemblera à Bruxelles les représentants de l’UE, des Etats-Unis, du Brésil et de l’Inde.

 09/05/2007 16:57:48 – © 2007 AFP