Un scénario de fusion géante fait monter la température dans les mines

 
 
SGE.BSO89.090507180856.photo00.quicklook.default-245x190.jpg
Le président de BHP Billiton, Chip Goodyear, lors de l’annonce de résultats du groupe, à Sydney, le 23 août 2006 (Photo : Greg Wood)

[09/05/2007 18:10:09] LONDRES (AFP) Le secteur minier a connu un nouvel accès de fièvre mercredi avec des rumeurs de rachat du numéro trois mondial Rio Tinto par le numéro un BHP Billiton, qui pourrait être la troisième plus grosse acquisition d’une entreprise dans l’histoire selon des analystes.

Les actions des deux groupes anglo-australiens ont battu des records aux Bourses de Londres et Sydney, le marché pariant sur un mariage au sommet d’un secteur où les rapprochements se multiplient depuis l’an dernier, sur fond de prix élevés des métaux et de profits records.

Rio Tinto a cependant assuré dans un communiqué “ne pas être au courant d’une tentative de rachat émanant de BHP Billiton”. Ce dernier n’a pas souhaité faire de commentaires.

L’action Rio Tinto a fini sur un gain de 10,74% à 3.660 pence à Londres, dopée en fin de séance par des rumeurs de prise de participation par Citigroup et Berkshire Hathaway, holding de l’américain Warren Buffett. Elle avait gagné 6,47% à Sydney. Sa capitalisation totale a gonflé à 109 milliards de dollars.

BHP Billiton de son côté a gagné 5,40% à Londres, à 1.249 pence, après 4,2% à Sydney, portant sa capitalisation totale à 147 milliards de dollars.

Selon Glyn Lawcock, analyste de la banque UBS, la rumeur porte sur une offre d’achat valorisant Rio Tinto à 110 dollars australiens par action, pour un total de 133 milliards de dollars américains.

Un tel montant ferait de l’opération le troisième plus gros rachat d’entreprise de l’histoire, derrière ceux d’AOL par Time Warner en 2000 et de Mannesman par Vodafone en 1999.

BHP Billiton et Rio Tinto ont battu des records de bénéfices l’an dernier, à 10,5 milliards de dollars pour le premier et 7,4 milliards pour le second, grâce à des productions en hausse et aux prix élevés des métaux, dopés par la demande chinoise et la baisse des stocks.

Les deux groupes produisent notamment du cuivre, qui se vend actuellement plus de 8.000 dollars la tonne après un record à 8.800 dollars en 2006, et du minerai de fer, composant de base de l’acier dont les tarifs ont fortement augmenté depuis trois ans. Les cours du nickel, du plomb et de l’étain évoluent aussi au plus haut actuellement.

Cette flambée des prix alimente une vague de consolidation frénétique dans le secteur minier et de la métallurgie depuis l’an dernier. Elle s’est encore illustrée récemment avec l’OPA de 33 milliards de dollars lancée par le géant américain de l’aluminium Alcoa sur son concurrent canadien Alcan, et la surenchère de 5 milliards de dollars lancée sur le canadien LionOre par le russe Norilsk Nickel aux dépens pour l’instant du suisse Xstrata.

Ces rapprochements visent principalement à réduire les coûts de production dans un secteur où les investissements sont colossaux pour répondre à la demande, et à gagner de nouveaux marchés, en particulier dans les pays émergents à forte croissance.

Clarke Wilkins, analyste de la banque Citigroup, estime qu’un mariage entre BHP Billiton et Rio Tinto permettrait d’économiser 500 millions de dollars par an, mais poserait des problèmes de concurrence dans le minerai de fer et le charbon à coke.

John Meyer, de la maison de courtage Numis Securities, table sur des économies d’un milliard de dollars mais anticipe aussi un obstacle sur le plan de la régulation, “à moins que BHP ne soit disposé à céder une grosse part de la production de minerai de fer à un tiers”.

 09/05/2007 18:10:09 – © 2007 AFP