L’Asie du Sud veut se débarrasser du terrorisme pour doper le commerce

 
 
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Le président de l’Afghanistan Hamid Karzaï (c), le ministre des Affaires étrangères pakistanais Khurshid Mehmood Kasuri (d) et le Premier ministre indien Manmohan Singh (g), le 2 avril 2007 à New Delhi (Photo : Manan Vatsyayana)

[03/04/2007 16:24:03] NEW DELHI (AFP) Les pays d’Asie du Sud, la plupart pauvres et secoués par des conflits armés, ont plaidé mardi en Inde pour l’éradication du terrorisme régional, seul moyen de doper leurs échanges commerciaux.

“Nous devons significativement et sincèrement mettre en vigueur notre engagement à extirper le terrorisme afin de créer un climat de réussite” économique, a proclamé le Premier ministre indien Manmohan Singh, en ouvrant la 14e conférence de l’Association d’Asie du Sud pour la coopération régionale (SAARC) à New Delhi.

Ce sommet réunit jusqu’à mercredi l’Inde, le Pakistan, le Bangladesh, le Népal, le Bhoutan, les Maldives et le Sri Lanka. L’Afghanistan les a rejoints mardi comme huitième membre de la SAARC.

Et “la lutte antiterroriste figurera bien dans la déclaration finale” de la conférence, a indiqué à l’AFP un responsable de la diplomatie indienne.

Pour la première fois, les Etats-Unis, l’Union européenne, la Chine, le Japon et la Corée du Sud sont observateurs de la SAARC, créée en 1985 pour “accélérer le développement économique et social de ses Etats membres (et) oeuvrer à un esprit d’amitié et de compréhension entre les peuples d’Asie du Sud”.

Mais pour prospérer, les pays d’Asie méridionale et leurs 1,5 milliard d’habitants devront dépasser les méfiances réciproques, à commencer par celle entre l’Inde et le Pakistan, ont noté les intervenants.

“Nous devons rompre avec le passé et joindre nos mains pour relever les défis” de la région, a plaidé M. Singh. Car pour l’instant, “nos progrès réalisés ne correspondent pas à nos espoirs”, a répondu son homologue pakistanais Shaukat Aziz.

De fait, un accord régional de libre échange scellé en 2006 souffre des tensions historiques entre les deux frères ennemis, l’Inde et le Pakistan. Le commerce en Asie du Sud ne représente que 5% de la totalité des échanges des pays de la région avec le reste du monde.

Surtout, à l’exception des îles paradisiaques des Maldives et du mystérieux royaume du Bhoutan, toute l’Asie du Sud est en proie aux violences.

L’Afghanistan et le Pakistan sont secoués par des insurrections islamistes et des attentats. L’Inde est confrontée à une myriade de poches rebelles, allant d’une guérilla séparatiste islamiste au Cachemire à des mouvements maoïstes dans l’est. Et même si le géant asiatique a un taux de croissance économique de 9%, 300 millions d’Indiens vivent encore avec moins d’un dollar par jour.

En marge de la SAARC, l’Inde et le Pakistan devaient discuter de leur vieux différend sur le Cachemire pour lequel ils se sont livré deux guerres. New Delhi accuse Islamabad de soutenir des islamistes qui commettraient des attentats sur son sol, ce que le Pakistan dément. Les puissances nucléaires ont repris leur fragile processus de paix en janvier 2004.

Dans la région, le Népal sort à peine d’une décennie de guerre civile avec les maoïstes qui a fait 13.000 morts. Le Bangladesh est sous état d’urgence depuis janvier après des mois de heurts politiques.

En outre, ces deux pays sont parmi les plus pauvres du monde.

Enfin, le Sri Lanka est ensanglanté depuis 35 ans par un conflit avec les séparatistes tamouls. Le président Mahinda Rajapakse a d’ailleurs averti que des “groupes terroristes transfrontaliers trouveront un refuge dans la région”, si les pays n’agissent pas de concert.

De même, le chef du gouvernement bangladais Fakhruddin Ahmed a souhaité “des efforts audacieux pour combattre le terrorisme”. Et dans une allusion au soutien présumé du Pakistan aux talibans, le président afghan Hamid Karzai a exigé que “le parrainage politique” du terrorisme soit éradiqué.

 03/04/2007 16:24:03 – © 2007 AFP