Halliburton installe son siège à Dubaï, un choix politiquement incorrect

 
 
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Photo non datée du patron d’Halliburton David Lesar, prise à Houston (texas) (Photo : Michael Hart)

[12/03/2007 21:52:17] NEW YORK (AFP) Le géant américain des services pétroliers Halliburton, dirigé jusqu’en 2000 par le vice-président américain Dick Cheney, a décidé de transférer son siège à Dubaï, déclenchant un tollé chez les démocrates, notamment la candidate à la présidentielle Hillary Clinton.

Le PDG d’Halliburton, Dave Lesar, a expliqué lundi que le siège central et lui-même quitteront Houston, Texas (sud), pour s’installer à Dubaï, afin de développer l’activité du groupe dans la région. M. Lesar dirigera depuis Dubaï les opérations mondiales d’Halliburton, implanté dans 70 pays.

Les clients du Moyen-Orient représentent une part croissante de ses contrats pétroliers, jusqu’ici concentrés aux Etats-Unis. En 2006, 38% de ses 13 milliards de dollars de recettes pétrolières venaient de la région.

Halliburton a précisé qu’il garderait le statut de compagnie américaine et maintiendrait des bureaux à Houston, siège historique de ce groupe né en 1919, l’un des plus anciens géants du secteur pétrolier texan.

Il a aussi souligné lundi qu’il “n’anticipait aucun bénéfice fiscal”, alors que plusieurs responsables démocrates l’ont aussitôt accusé de vouloir échapper au fisc américain.

Et ils ont aussi rappelé qu’Halliburton était violemment critiqué pour la manière dont il a remporté sans appel d’offres et géré des contrats avec l’armée américaine en Irak. Le groupe est accusé notamment d’avoir fourni de l’eau sale aux soldats, ce qui a déclenché une enquête du Pentagone.

Le transfert du siège d’Halliburton à Dubaï “soulève des problèmes sérieux” a lancé Mme Clinton, lors d’une conférence de presse, jugeant cette décision “honteuse”.

“Cela veut-il dire qu’elle va cesser de payer des impôts aux Etats-Unis ? Ils vont prendre tous les avantages de notre pays mais sans payer leur juste part d’impôts ? Ils ont beaucoup de contrats gouvernementaux. Cela va-t-il affecter les enquêtes en cours ? Car nous avons de nombreuses preuves d’abus dans les contrats gouvernementaux et de la manière dont ils ont trompé le soldat et le contribuable américains”, a-t-elle ajouté.

“C’est un exemple de la pire avidité des entreprises”, a renchéri le sénateur démocrate Patrick Leahy.

“Halliburton essaie-t-il d’éviter la mauvais publicité sur ses contrats ? D’éviter l’obligation de payer des impôts ? Ou d’installer son siège à Dubaï pour éviter les restrictions actuelles qui interdisent de faire des affaires avec des pays comme l’Iran ?”, a demandé le sénateur démocrate Byron Dorgan, réclamant des auditions au Congrès sur l’affaire.

Halliburton a minimisé l’affaire, précisant à l’AFP qu’il s’agissait d’une installation “pratique”, que d’autres groupes avaient des sièges multiples et que ses autres dirigeants resteront à Houston. Il a aussi dit que cela n’entraînerait aucune suppression d’emplois à Houston où le groupe emploie 4.000 personnes.

Le maire de Houston, Bill White, a dit “comprendre” la décision car “il sait combien une entreprise dépense en trajets aériens”, a expliqué à l’AFP son porte-parole Frank Michel.

Les activités d’Halliburton vont des recherches géologiques au forage et à la gestion de la production pétrolière sur site.

Les zones franches fiscales de Dubaï, en plein boom économique, attirent les grands groupes étrangers, comme Microsoft ou IBM.

Les marchés financiers ont eux approuvé la décision de ce groupe jugé trop dépendant du marché pétrolier américain. “Cela envoie un signal” sur le développement au Moyen-Orient, a commenté Stewart Glickmann, analyste chez Standard and Poor’s.

Le titre a terminé en très légère hausse à Wall Street.

 12/03/2007 21:52:17 – © 2007 AFP