Airbus : il faut “sortir du pacte de gouvernance”, selon Jean-Louis Borloo

 
 
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Jean-Louis Borloo, le 28 février 2007 à Paris (Photo : Patrick Kovarik)

[04/03/2007 20:04:20] PARIS (AFP) Le ministre de l’Emploi Jean-Louis Borloo a estimé nécessaire de “sortir du pacte de gouvernance” d’Airbus, estimant que les industriels actionnaires de l’avionneur ne faisaient “pas du développement de cette activité leur vraie stratégie économique”, dimanche sur France 5.

“Est-il sérieux de continuer d’avoir (dans le capital d’EADS) des Etats actionnaires, minoritaires mais importants, et une gouvernance déléguée à des industriels qui au fond ne font pas du développement de cette activité leur vraie stratégie économique?”, s’est interrogé M. Borloo au cours de l’émission “Ripostes”.

“Il faut sortir de ce pacte de gouvernance”, a-t-il tranché, sans préciser comment.

“Deuxièmement, il faut un actionnariat industriel stable et puissant, et c’est à négocier avec les Allemands”, a-t-il ajouté, évoquant “une augmentation de capital de plusieurs milliards” pour “refaire de cette entreprise le fleuron mondial” de l’aéronautique.

Le capital d’EADS, maison mère d’Airbus, est partagé entre actionnaires français et allemands (22,5% du capital chacun), privés et publics, notamment l’Etat français (15%) et des Länder allemands au sein d’un consortium.

Mais en vertu du pacte d’actionnaires signé lors de la création du groupe en 2000, ce sont les actionnaires privés –Lagardère et DaimlerChrysler– qui ont le pouvoir de gestion.

“Troisièmement, (il faut) une rationalisation des sites industriels” et “quatrièmement, (il faut) laisser Louis Gallois (président exécutif d’Airbus) démarrer un dialogue social mardi (…) avec des partenaires sociaux qui sont parfaitement responsables”, a-t-il poursuivi.

M. Borloo a soutenu l’idée de M. Gallois de développer “un pôle de compétitivité (…) autour des composites, avec des moyens financiers complémentaires que le Premier ministre a déjà débloqué, et dans lequel Airbus et EADS resteraient majoritaires”.

De son côté, le ministre de l’Economie Thierry Breton a jugé dimanche “indispensable” le plan de restructuration d’Airbus et a vivement critiqué les positions prises sur ce dossier par Ségolène Royal.

Invité du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, M. Breton a par ailleurs défendu le pacte d’actionnaires d’EADS, en soulignant qu’il protégeait l’avionneur d’un rachat hostile.

Défendant le plan de l’avionneur européen, qui a suscité un tollé politique et syndical, M. Breton a affirmé que les 10.000 suppressions d’emplois prévues sur quatre ans chez Airbus et ses sous-traitants se feraient “progressivement et sans aucun licenciement”.

“Airbus doit faire ce que Boeing (son concurrent américain, ndlr) a fait il y a quatre ans”, mais “de façon beaucoup moins violente”, a-t-il dit, en rappelant que Boeing avait procédé à “20.000, 30.000 licenciements secs”.

M. Breton s’est ensuite élevé avec vigueur contre la proposition de la candidate socialiste à la présidentielle de faire entrer huit régions dans le capital d’EADS.

“J’ai été extrêmement choqué d’entendre Mme Royal indiquer qu’Airbus traversait une séisme indutriel sans précédent”, a accusé M. Breton, jugeant ces propos “irresponsables”.

“Mme Royal propose comme solution miracle que les régions françaises prennent 10%, soit 2 milliards d’euros, puis finalement entre 150 et 200 millions, or je rappelle que le budget d’investissement de la région Poitou-Charentes est de 193 millions d’euros. On va demander au contribuable d’investir pour prendre 0,6% du capital d’EADS, et ça va tout changer?”, a-t-il lancé.

La faible participation des Etats régionaux allemands dans EADS “ne leur donne aucun droit ni de près ni de loin” sur la gestion d’Airbus, a-t-il ajouté.

 04/03/2007 20:04:20 – © 2007 AFP