L’Opep craint d’en faire trop en abaissant à nouveau sa production jeudi

 
 
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Le Nigérian Edmund Daukoru (C), Mohammed Barkindo (D) de l’Opep, et le Vénézuélien Rafael Ramirez à l’aéroport d’Abuja, le 13 décembre 2006 (Photo : Pius Utomi Ekpei)

[13/12/2006 21:06:18] ABUJA (AFP) L’Opep, réunie à Abuja, est d’avis que trop de pétrole circule sur le marché mais hésite à annoncer une seconde baisse de production en deux mois, alors que le baril de pétrole vaut plus de 60 dollars et que l’économie mondiale semble à la croisée des chemins.

Les ministres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) arrivés dans la capitale nigériane à la veille de la réunion ont émis des avis flous ou contradictoires sur la nécessité d’abaisser dès cette fois la production de brut, actuellement estimée à 28,9 millions de barils par jour (mbj).

Le chef de file de l’Opep, le ministre du Pétrole saoudien Ali al-Nouaïmi, s’est montré le plus ambigu, déclarant que l’Opep avait “probablement encore un peu de travail à faire pour rendre le marché encore plus stable”, sans plus de précisions.

Le président du cartel, le Nigérian Edmund Daukoru, est lui aussi resté vague: “Il y a de la marge pour un geste supplémentaire” de l’Opep, a-t-il jugé.

A l’inverse, l’Iran, l’Algérie ou le Venezuela se sont clairement prononcés pour une baisse de production. Le ministre de l’Energie vénézuélien Rafael Ramirez compte ainsi proposer une baisse de 500.000 barils par jour de l’offre de l’Opep jeudi.

Mais la Libye s’y est d’ores et déjà opposée, arguant que la situation actuelle demeure satisfaisante.

“Mon sentiment est que nous allons maintenir (la production) et continuer à surveiller le marché”, a déclaré à l’AFP le représentant libyen à l’Opep, Choukri Ghanem.

Le comité de surveillance des marchés de l’Opep, dont les avis sont consultatifs, s’est réuni mercredi mais a laissé planer le mystère sur sa recommandation pour jeudi.

Deux issues semblent néanmoins se dégager: soit une baisse de production supplémentaire, soit un engagement ferme à enfin respecter les obectifs qu’elle s’est fixée à Doha fin octobre, à savoir de réduire sa production de 1,2 million de barils par jour.

A l’époque, l’Opep n’avait pas modifié son quota officiel -devenu largement symbolique car plus respecté depuis des mois- de 28 mbj, mais s’était engagée à réduire sa production réelle de 1,2 mbj à 26,3 mbj (hors Irak).

Or, de l’avis général, elle a beaucoup de mal à s’autodiscipliner pour respecter cette décision, et beaucoup de pays continuent de produire bien plus qu’ils n’y sont théoriquement autorisés.

La réduction réelle de production de l’Opep est ainsi estimée à entre 500.000 et 800.000 barils par jour, bien loin des 1,2 mbj sur lesquels elle s’était engagée.

Car les ministres présents à Abuja sont au moins tous d’accord sur un point: le marché est surapprovisionné, et les dépôts des pays consommateurs regorgent de pétrole, ce qui leur permet de réduire leurs importations de brut.

Malgré les dissensions encore apparentes, Edmund Daukoru s’est dit confiant de pouvoir parvenir à un consensus jeudi.

Mais pour l’heure les analystes ne savent pas trop sur quel pied danser. “Une certaine incertitude demeure quant à la décision que prendra l’Opep”, résume Kevin Norrish, analyste à la banque Barclays.

Les experts rappellent qu’un très grand nombre de facteurs doivent être pris en compte dans leur décision, comme la chute du dollar, la hausse de la production des pays non-Opep ou la santé de l’économie mondiale, qui se trouverait “à un tournant” selon la Banque mondiale.

L’Opep devrait aussi lors de sa réunion se pencher sur l’éventuelle adhésion de l’Angola, qui devrait présenter une candidature officielle en ce sens jeudi, selon le secrétaire général de l’Opep, Mohamed Barkindo. Ce gros producteur africain pourrait être accepté sur-le-champ.

 13/12/2006 21:06:18 – © 2006 AFP