La production industrielle française s’effrite en octobre

 
 
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Un fondeur surveille la sortie du moule d’un lingot de laiton, le 8 juin 2006 à l’usine Trefimetaux Brass de Boisthorel à Rai (Photo : Jean-François Monier)

[11/12/2006 10:26:16] PARIS (AFP) La production industrielle française a continué de s’effriter en octobre, diminuant de 0,1% par rapport à septembre, mois où elle avait déjà reculé de 0,8%, selon les chiffres publiés lundi par l’Insee.

La production industrielle a diminué de 0,1% en octobre après une baisse de 0,8% (révisée en hausse de 0,1 point) le mois précédent. En revanche, la seule production manufacturière (calculée hors énergie et industries agricoles et alimentaires) a progressé de 0,3% en octobre après un recul de -0,8% (révisé en hausse de 0,2 point) en septembre.

Ce deuxième élément fait dire à Alexander Law, analyste chez Xerfi (cabinet d’études sectorielles), que “l’industrie française n’est pas moribonde”.

La hausse de 0,3% de la production manufacturière porte en effet l’acquis de croissance dans cette branche pour l’ensemble de l’année à 1,4%. “Au total, au cours des sept dernières années, l’activité en moyenne annuelle n’aura progressé plus rapidement qu’à une seule reprise (en 2004): dans ces conditions, on ne peut pas dire de la France que son industrie est en perdition”, souligne cet analyste, qui explique par ailleurs la baisse de 2,9% de la production énergétique par la clémence de la météo.

Quant à la production dans l’industrie automobile, après le fort recul de septembre (-3,3%), elle s’est redressée de 1,4% en octobre.

C’est justement cet élément qui rend Nicolas Bouzou, du cabinet Asterès, pessimiste, car, souligne-t-il “c’est quasiment le seul rebond de l’industrie automobile (+1,4%) qui empêche la production totale de décrocher. Or l’on sait que cette série est très volatile, et en baisse quasi-permanente depuis la fin 2004”.

Certes, la production de biens de consommation a progressé elle aussi, gagnant 0,8%, mais dans les biens d’équipement, la tendance est à la baisse (-0,2%) avec une nette diminution de la production d’équipements électriques et électroniques (-2,0%). Le secteur des biens d’équipement est “en stagnation depuis juin, alors même que la demande mondiale reste très forte”, s’alarme M. Bouzou.

Marc Touati (Natixis), est lui aussi très pessimiste et juge que “l’économie française apparaît vraiment en panne”. Car “au cours des trois derniers mois, tant la production industrielle que manufacturière affiche ainsi une baisse de 0,6% par rapport aux trois mois précédents” et “avec la mauvaise nouvelle d’octobre, l’acquis de croissance de la production industrielle pour le 4e trimestre est de -0,3%”. Or, avertit cet économiste, “deux trimestres consécutifs de baisse de la production sont bien synonymes de récession”.

Selon lui, “pour la sixième année consécutive, le père Noël ne passera pas dans l’industrie française en 2006” et il faut s’attendre à une croissance du produit intérieur brut de 0,6% au 4e trimestre, soit 2% sur l’ensemble de l’année.

Or, ajoute Nicolas Bouzou, “il n’est même plus possible d’invoquer la léthargie économique de la zone euro pour justifier nos mauvais chiffres, car “la France est le seul grand pays européen où le jugement des industriels sur les carnets de commandes se dégradent”.

 11/12/2006 10:26:16 – © 2006 AFP