Le TGV Barcelone-Perpignan : atout ou handicap pour les Pyrénées-Orientales?

 
 
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Vue le 13 octobre 2006 du compte à rebours sur le Castillet, emblème de Perpignan, avant l’ouverture de la liaison TGV avec Barcelone (Photo : Raymond Roig)

[14/10/2006 10:14:24] PERPIGNAN (AFP) Perpignan arbore fièrement sur le Castillet – emblème de Perpignan – un compte à rebours des jours qui la séparent de l’ouverture de la liaison TGV avec Barcelone mais une étude universitaire fait apparaître que la capitale du Roussillon n’en tirera pas que des avantages.

L’étude, commandée par les institutions européennes (Interreg) et les collectivités locales, à laquelle le quotidien départemental “L’Indépendant” a eu accès, souligne que “la forte attractivité de la métropole barcelonaise risque de favoriser un effet +aspirant+” vers la Catalogne espagnole aux dépens des Pyrénées-Orientales.

Les résultats de l’enquête sont à contre-courant du discours volontariste du maire-sénateur de la ville Jean-Paul Alduy (UMP), pour qui l’ouverture de la ligne TGV sera, au contraire, facteur de dynamisation et de croissance économique.

Embarrassée, la municipalité a cherché à minimiser l’impact du rapport de 50 pages et les chercheurs eux-mêmes affirment que la mairie leur a demandé de ne pas communiquer, notamment lors d’un colloque sur ce thème organisé par le Conseil Général, présidé par le socialiste Christian Bourquin.

Dans un “droit de réponse” au journal, le maire, qui n’a pas accordé d’interviews sur le sujet, qualifie de “pseudo-scientifique” le travail des universitaires.

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Vue du tronçon en construction près du Perthus de la future ligne de TGV reliant Perpignan à Barcelone, le 13 octobre 2006 (Photo : Raymond Roig)

Ceux-ci, deux géographes reconnus, chercheurs au CNRS, restés volontairement anonymes pour ne pas entrer dans un débat “politicien”, lui ont immédiatement répliqué que la méthodologie avait été préalablement soumise aux commanditaires, sans provoquer de demandes de modification.

L’étude, qui souligne “le transfert prévisible de pouvoir d’achat des Pyrénées-Orientales vers Barcelone”, dérange la mairie de Perpignan, alors que s’annoncent les échéances électorales, y compris municipale.

Le rapport indique que “42,6% des personnes sondées ne se sont pas rendues à Barcelone ni en 2004, ni en 2005. Mais avec le TGV, ce sont près de 95% des mêmes personnes qui affirment vouloir se rendre dans la capitale catalane”.

A contrario, Jean-Paul Alduy fait remarquer que le TGV pourra faire profiter Perpignan “d’une rente de situation” de ville-pont entre Barcelone et l’Europe du Nord, grâce à “l’attractivité de l’agglomération perpignanaise et du département” (cadre de vie, vie culturelle, tissu économique, gouvernance, niveau d’équipement)”.

Le président du Conseil Général, Christian Bourquin, mise sur les atouts du département: “tourisme, patrimoine, environnement, logistique… nous ne devons pas chercher la parité avec Barcelone ou nous serons avalés, mais plutôt avec Gérone et sa province, limitrophe, et à l’échelle de notre département”.

“Certes le commerce de centre-ville court des risques et a besoin de mesures énergiques… mais je ne suis pas le maire”, ajoute-t-il.

Le président de l’université de Perpignan François Féral estime de son côté qu'”il faut échapper à ce débat droite-gauche, à connotations souvent clientélistes, et mobiliser les énergies pour valoriser nos points forts, les énergies nouvelles -notamment solaire-, la logistique et le sanitaire et social dans l’accompagnement de la retraite. Les Barcelonais ne descendront du train que s’ils ont quelque chose à trouver ici”, conclut-il.

 14/10/2006 10:14:24 – © 2006 AFP