Italie : l’assainissement des comptes loin d’être garanti par le budget 2007

 
 
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Le chef du gouvernement italien Romano Prodi, le 1er octobre 2006 à Milan pour le centenaire de la CGIL, principale confédération syndicale italienne (Photo : Filippo Monteforte)

[02/10/2006 13:32:53] ROME (AFP) Le projet de budget de l’Italie pour 2007 n’est pas assez strict sur les dépenses pour garantir un assainissement durable des comptes publics et laisse planer un doute sur la capacité de Rome à ramener son déficit public sous les 3%, estimaient lundi les économistes.

Le gouvernement de Romano Prodi a adopté vendredi un projet de budget prévoyant 33,4 milliards d’euros d’économies et de recettes nouvelles, dont près de 15 milliards d’euros affectés à la réduction du déficit.

M. Prodi s’est engagé à ramener le déficit public à 2,8% du PIB en 2007, contre une estimation nettement revue à la hausse de 4,8% cette année.

“C’est un projet de budget décevant qui manque de mesures structurelles sur les dépenses de l’Etat et sur les retraites. Son objectif est plutôt de redistribuer des revenus que de réformer le fonctionnement de l’Etat”, estime Marco Valli, économiste d’UBM (Unicredit).

“Le début de législature était l’occasion de faire passer un texte fort avec des mesures impopulaires mais nécessaires, c’est une occasion manquée”, ajoute-t-il à propos du premier budget de la coalition de centre-gauche élue en avril.

Sur le front des réductions de dépenses, M. Valli souligne que les régions pourront décider de compenser la baisse des transferts de l’Etat par des hausses d’impôts.

L’économiste épingle aussi le transfert à l’Etat d’une partie des cotisations de retraite actuellement gérés par l’entreprise.

Une partie du TFR (traitement de fin de carrière), somme versée au salarié à la fin de son contrat et utilisé entre-temps par la société pour son financement à un taux de crédit avantageux, va être géré par l’Etat, ce qui doit représenter une recette de 5 milliards d’euros.

“Il s’agit d’une décision inquiétante, nous espérons que Bruxelles ne permettra pas cette opération”, écrivent les économistes Tito Boeri et Pietro Garibaldi dans une note.

Plutôt sévères, les deux experts estiment que le gouvernement “a décidé d’augmenter les impôts plutôt que de baisser les dépenses”.

La loi de finances “doit servir à ramener l’Italie dans les paramètres de Maastricht. Mais elle n’empêchera pas que resurgissent les mêmes problèmes dans 12 mois”, ajoutent-ils.

Le ministre de l’Economie, Tommaso Padoa-Schioppa soutient le contraire.

“Nous sortons les finances publiques de la zone rouge et de manière structurelle”, assure-t-il.

De son côté, Banca Intesa juge, dans une note, que le déficit public restera au dessus de 3% en 2007 tandis que l’analyste d’UBM estime possible de repasser sous ce seuil, mais seulement si la reprise économique ne faiblit pas.

Bruxelles doit encore donner son appréciation du projet de loi de finances tout comme les agences de notation Standard and Poor’s (SP) et Fitch qui menacent d’abaisser la note du pays, ce qui renchérirait le coût de son endettement. SP a indiqué qu’elle rendrait sa décision avant fin octobre.

“Le risque d’abaissement est encore très élevé car les mesures d’assainissement à long terme sont insuffisantes. Et les rentrées de la lutte contre la fraude fiscale sont incertaines”, estime Carmen Nuzzo, économiste de Citigroup.

Du côté des partenaires sociaux, le patronat a regretté le transfert du TFR sous le régime de l’Etat et l’étalement sur deux ans de la baisse des charges sociales. En revanche, le premier syndicat italien, la CGIL, a salué un projet plus juste socialement et permettant de soutenir la croissance.

 02/10/2006 13:32:53 – © 2006 AFP