Jeux vidéo : Infogrames fait le ménage dans sa dette et ses actionnaires

 
 
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Le siège de l’entreprise Infogrames à Lyon (Photo : Philippe Merle)

[12/09/2006 16:08:59] PARIS (AFP) L’éditeur français de jeux vidéos Infogrames Entertainment, asphyxié par sa dette, a présenté mardi un ambitieux plan de restructuration financière qui entraînera une très forte dilution des actionnaires actuels, au profit principalement d’un fonds d’investissement britannique.

“Ce plan, qui pourrait, si les créanciers et actionnaires actuels l’appliquent complètement, donner 49% du capital d’Infogrames au fonds d’investissement britannique Bluebay Asset Management, donne une vraie chance de rebond à notre groupe”, a affirmé son PDG, Bruno Bonnell.

Il a reconnu, au cours d’une conférence de presse, qu’avant de lancer ce plan, il a “exploré toutes les autres options”, notamment celles d’un rapprochement avec un autre groupe du secteur. Mais “personne n’avait envie de s’avaler un groupe avec une dette aussi importante, avec des échéances aussi rigides”.

Infogrames, qui caracolait encore en 2001 parmi les cinq premiers éditeurs indépendants de jeux vidéo dans le monde, n’emploie plus que 1.000 personnes au total, dont 220 en France. Il était menacé par des échéances de plus en plus lourdes de remboursement de ses différents emprunts, contractés lors de ses acquisitions américaines en 2000 et 2001. De crise en crise, sa valeur boursière est tombée à un dérisoire 89 millions d’euros.

“Aujourd’hui, l’augmentation de capital va nous apporter 45 millions d’euros de cash, ce qui nous donne tous les moyens de réussir nos ventes de la période cruciale de Noël”, a indiqué M. Bonnell.

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Le président directeur général d’Infogrames Bruno Bonnell, le 3 juin 2003 au siège lyonnais de l’entreprise (Photo : Fred Dufour)

Pour autant, Infogrames, qui a déjà revendu de nombreux actifs au cours des derniers mois, “n’en a pas fini avec les restructurations industrielles”, a-t-il indiqué.

Le plan de restructuration financière comprend trois étapes successives, dont une augmentation de capital d’un montant de 74 millions d’euros, suivie d’une offre publique d’échange (OPE) visant les obligations convertibles ou échangeables en actions nouvelles ou existantes (Océanes) 2003-2009.

A l’issue de celle-ci, la dette nette serait ramenée à 24 millions d’euros, “dans l’hypothèse où la totalité des Océanes 2003/2009 seraient apportées à l’offre”, a indiqué le groupe.

Le fonds Bluebay, qui s’était intéressé à Infogrames comme fonds de garantie pour Bank of América, principal banquier du groupe français, a demandé à siéger au conseil d’administration d’Infogrames, où il détiendrait deux sièges, sur un total de neuf. “C’est extrêmement positif, cela montre qu’ils ne viennent pas pour dépecer l’entreprise. Au contraire, ils considèrent qu’Infogrames est actuellement sous-valorisé et que sa stratégie doit être appuyée par les investissements nécessaires”, assure Thomas Schmidler, directeur général du groupe lyonnais.

Infogrames, qui compte beaucoup sur le succès de son jeu Test Drive Unlimited, lancé il y a quelques jours et qui figure déjà dans les trois plus fortes ventes mondiales, poursuivra sa stratégie de recours à des studios externalisés: “Il nous reste trois studios de création, dont les fameux studios Eden, mais il faut tenir compte du fait que les coûts de développement d’un jeu en Russie et en Ukraine sont le quart de ce qu’ils sont aux Etats-Unis”, explique M. Bonnell.

Débarrassé de la menace de sa dette, Infogrames, qui se refuse à prédire quand il retrouvera la rentabilité (qu’il n’a pas connu depuis neuf ans) pourrait devenir une proie tentante.

“L’entreprise est revenue dans une position où sa valorisation peut remonter”, constate M. Bonnell, en espérant convaincre les actionnaires de participer à son plan de restructuration.

 12/09/2006 16:08:59 – © 2006 AFP