Après la lingerie, le Sri Lanka mise sur la confection de gilets pare-balles

 
 
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Un atelier de fabrication de gilets pare-balles à Mahara (Photo : Lakruwan Wanniarachchi)

[04/09/2006 09:13:47] MAHARA (AFP) Le Sri Lanka, réputé pour son industrie de la lingerie féminine destinée à l’exportation, mise maintenant sur la confection de gilets pare-balles et de vêtements blindés au moment où l’île est le théâtre de violents combats depuis plus d’un mois.

Mohandas Ajitha Wijetunga, un ancien ingénieur de la marine sri-lankaise, et sa femme Himmani, sont à la tête de la seule entreprise du pays –un modeste atelier de la banlieue de Colombo– qui fabrique gilets pare-balles, vestes de protection, armures et autres casquettes en fibre kevlar.

Le couple Wijetunga importe la fibre kevlar et leurs ouvriers confectionnent sur place les tenues militaires de protection, en fonction des demandes des clients.

Les troupes saoudiennes ont d’ores et déjà acheté cette année 2.000 armures et l’armée jordanienne a commandé quelques centaines de vestes de démineurs.

Les produits de l’usine Wijetunga protègent aussi de la tête aux pieds des travailleurs humanitaires des Nations unies, des diplomates et même le président sri-lankais Mahinda Rajapakse.

Les Wijetunga ne comptent pas seulement sur les marchés à l’étranger mais aussi sur les besoins des forces de sécurité et de la police sri-lankaises.

“L’armée sri-lankaise consomme chaque année quelque 25.000 casques. N’importe quel soldat, marin, officier de l’armée de l’air ou policier a besoin d’un équipement militaire de routine”, explique M. Wijetunga.

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Une vendeuse met en place un rayon lingerie dans un magasin à Colombo (Photo : Sena Vidanagama)

Son entreprise fournit déjà à la police et à l’armée de l’île des équipements de combat, des sacs, casques, tenues de camouflages, T-shirts verts olive ou imperméables.

Le nord et l’est du Sri Lanka sont en proie depuis plus d’un mois aux pires violences depuis la signature d’une trêve en février 2002 entre l’armée et les Tigres de libération de l’Eelam tamoul (LTTE).

Depuis décembre 2005, plus de 1.500 personnes sont mortes dans les violences qui ne cessent d’empirer. Plus de 60.000 personnes ont été tuées depuis le début, en 1972, de l’insurrection des LTTE, qui réclament une large autonomie du Nord-Est, peuplé en majorité de Tamouls.

“Je n’aime pas la guerre. Je me contente de développer des produits pour protéger les gens des mines et des balles. C’est ma contribution”, se justifie M. Wijetunga.

Selon lui, les prix de fabrication au Sri-Lanka ne représenteraient qu’un tiers du coût à l’étranger.

Et l’île a réussi à se doter d’une industrie textile compétitive et florissante.

Tourné vers l’exportation, le secteur du vêtement et de la lingerie réalise un chiffre d’affaires annuel de 2,5 milliards de dollars (1,94 milliard d’euros).

Les dessous féminins fabriqués localement pour des marques comme Victoria’s Secret ou Triumph International représentent plus de 10% des revenus des exportations du pays.

 04/09/2006 09:13:47 – © 2006 AFP