La fusion GDF-Suez aiguise l’appétit des petits fournisseurs d’énergie

 
 
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Les PDG de Gaz de France Jean-Francois Cirelli (d) et de Suez Gérard Mestrallet, le 28 février 2006 à Paris (Photo : Joel Saget)

[25/08/2006 07:04:43] PARIS (AFP) Le projet de fusion entre Gaz de France et Suez, qui pourrait s’accompagner d’une cession d’actifs à la demande de la Commission européenne, aiguise l’appétit des petits fournisseurs d’énergie en France.

L’éventuelle fusion entre les deux grands groupes français “permettra de redistribuer les cartes pour avoir des règles claires en matière de concurrence”, avant l’ouverture totale du marché européen de l’énergie le 1er juillet 2007, souligne le porte-parole de Poweo, Christophe Droguère, interrogé par l’AFP.

Leader de ces petits fournisseurs, Poweo a dégagé en 2005 un chiffre d’affaires d’environ 170 millions d’euros, majoritairement dans l’électricité, une goutte d’eau en comparaison des 51 milliards enregistrés par EDF.

“Nous voyons cette fusion comme une opportunité d’améliorer la concurrence sur le marché du gaz en France”, renchérit Robert Delbos, directeur général d’Altergaz, présent seulement dans le gaz avec 60 millions d’euros de chiffre d’affaires prévu en 2006-2007, contre 22,4 milliards pour GDF.

Suez et GDF ont jusqu’au 1er septembre pour répondre aux craintes exprimées le 18 août par Bruxelles, et envisagent plusieurs cessions d’actifs, en France et en Belgique, selon une source proche du dossier.

Parmi les remèdes évoqués figurent, pour la Belgique, une cession de SPE (Société de production électrique, filiale à 25% de GDF, ndlr) et, pour la France, la mise aux enchères de volumes de gaz auprès des concurrents.

Poweo se déclare à cet égard “intéressé” par des cessions de contrats de gaz à long terme en tant que futur producteur, pour alimenter notamment sa première centrale électrique à cycle combiné gaz, dont la construction doit démarrer avant la fin de l’année.

Poweo serait aussi candidat à l’achat de gaz vendu par GDF ou Suez. “Mais si les tarifs régulés (fixés par les pouvoirs publics, ndlr) ne couvrent pas les coûts d’approvisionnement, nous préférerions des cessions de gré à gré sous contrôle du régulateur” plutôt qu’une mise aux enchères, précise son porte-parole.

Même intérêt du côté d’Altergaz et de Direct Energie (50 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2005), dont le PDG Xavier Caitucoli affirme être intéressé par des cessions de volumes de gaz, toujours à un prix qui couvre le coût d’approvisionnement.

Craignant avec cette fusion la création d’un “duopole” énergétique entre EDF et GDF/Suez, M. Caitucoli demande de pouvoir, comme EDF auprès des centrales nucléaires, “s’approvisionner en électricité à des prix proches des tarifs régulés”.

Poweo et Direct Energie soutiennent en ce sens un amendement au projet de loi sur l’énergie, qui sera examiné par les députés à partir du 7 septembre et prévoit par ailleurs la privatisation de GDF.

En Belgique, les petits fournisseurs souhaiteraient un meilleur accès aux infrastructures et au terminal méthanier de Zeebrugge, contrôlé par deux filiales belges de Suez, Distrigaz (distribution) et Fluxys (transport et stockage).

“Nous demandons un accès régulé ou une prise de participation”, précise M. Droguère.

Selon Altergaz, Bruxelles pourrait aussi demander à GDF et Suez de céder des participations dans les régies municipales, ce qui permettrait aux petits fournisseurs de conclure à leur tour des “partenariats” avec les mairies.

Quant à d’éventuelles cessions dans les “réseaux de chaleur”, qui sont les services énergétiques de Suez (Elyo) et GDF (Cofathec), la difficulté tient au fait que ces entreprises “emploient beaucoup de monde”, près de 10.000 salariés chez Elyo et 8.000 à la Cofathec, estime M. Delbos.

Poweo est cependant sur les rangs car, estime-t-il, en 2007 “la différence se fera sur le service”.

 25/08/2006 07:04:43 – © 2006 AFP