Le Zimbabwe abandonne ses vieux billets dans la confusion et l’inquiétude

 
 
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Un habitant du Zimbabwe manipule des billets de la nouvelle monnaie, le 1er août 2006 à Harare (Photo : Desmond Kwande)

[21/08/2006 14:41:55] HARARE (AFP) Le Zimbabwe, dévoré par une inflation galopante, passait lundi dans la confusion et l’inquiétude à sa nouvelle monnaie, à l’expiration du délai fixé pour échanger les vieux billets contre de nouvelles coupures allégées des trois derniers zéros.

Tout au long de la journée, des milliers d’habitants de la capitale Harare se sont retrouvés bloqués, les compagnies de bus refusant les anciens billets, officiellement valables jusqu’à minuit.

“Nous ne prenons plus les vieux billets. Seuls ceux qui ont des nouveaux billets peuvent monter”, explique un chauffeur de bus dans le township de Chitungwiza.

En récession économique depuis sept ans, le Zimbabwe, dirigé depuis 1980 par Robert Mugabe, ne parvient pas endiguer une inflation hors de contrôle, proche de 1.000%.

Le gouverneur de la Banque centrale Gideon Gono a annoncé le 31 juillet la mise en circulation de nouveaux billets allégés de trois zéros, précisant que les deux séries de monnaie cohabiteraient durant trois semaines. Cette décision vise, selon lui, à faciliter les transactions, enrayer une inflation hors de contrôle et lutter contre le marché noir.

Avec l’hyper-inflation, nombre de Zimbabwéens étaient devenus “millionnaires”, contraints de transporter des sacs de billets pour faire la moindre course.

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Des Zimbabwéens échangent dans une banque leurs vieux billets contre de nouvelles coupures, le 21 août 2006 à Harare (Photo : STR)

Lundi, la plupart des commerces de la capitale ignoraient les consignes de la Banque centrale qui avait rappelé que les billets devaient être acceptés jusqu’à l’expiration du délai.

“Chers clients, nous avons le regret de vous annoncer que nous n’acceptons que les nouveaux billets”, indiquait un panneau affiché devant un supermarché dans le centre de la capitale.

“J’ai essayé plusieurs magasins, mais personne ne veut des vieux billets”, affirme Senia Godzi. “Je vais être obligée d’aller dans un des townships où ils l’acceptent encore”, ajoute-t-elle.

Devant les banques de la capitale, de très longues files d’attente se sont formées tout au long de la journée.

Au-delà de la panique engendrée par cette date-butoir, de nombreux analystes ont mis en garde contre les possibles effets pervers de cette réforme menée dans une certaine précipitation.

De nombreux Zimbabwéens, en particulier dans les zones rurales, pourraient en effet se retrouver appauvris, coincés avec des paquets d’anciens billets, faute d’avoir été informés, ou d’avoir le temps et la possibilité matérielle d’aller les échanger dans un établissement bancaire.

Pour Elizabeth Marunda, analyste politique, un report de la date limite est absolument nécessaire. “Pourquoi ceux qui vivent dans des zones reculées sans radio ni télévision devraient-ils être punis pour n’avoir pas été informés des changements ?”, s’interroge-t-elle.

M. Gono a catégoriquement exclu “une extension du délai initialement fixé” et averti que, dès mardi, les anciens billets seraient tout juste bon à servir “d’engrais pour le jardin”.

 21/08/2006 14:41:55 – © 2006 AFP