Pour les ménages, la hausse des taux sonne le glas de l’argent pas cher

 
 
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Des consommateurs dans un magasin parisien, le 2 juin 2006 (Photo : Joel Saget)

[04/08/2006 17:09:01] PARIS (AFP) La remontée des taux d’intérêt, en renchérissant le coût du crédit, pourrait avoir un impact défavorable sur la consommation des ménages et devrait logiquement freiner le marché de l’immobilier, estiment des spécialistes.

“On va commencer à avoir un impact négatif sur la consommation des ménages qui, ces dernières années et particulièrement en 2005, a été très soutenue par le crédit à la consommation”, pronostique ainsi Nicolas Bouzou, économiste du cabinet de conjoncture Asterès.

“Les ménages ont beaucoup dépensé, notamment en informatique et en électronique grand public, alors même que les gains de pouvoir d’achat étaient assez faibles”, selon lui.

Pour avoir accès à ce type de biens, “ils ont eu recours au crédit à la consommation, parce que les taux d’intérêt étaient extrêmement bas, pouvant descendre jusqu’à 2,9%”, rappelle-t-il.

Jeudi, la BCE a relevé son principal taux directeur pour la quatrième fois depuis décembre. En neuf mois, il est passé ainsi de 2,25% à 3%.

Dans le sillage de la Réserve fédérale américaine, la BCE est entrée dans un cycle de resserrement monétaire pour éviter un emballement de l’inflation, alimentée par la flambée de l’or noir.

Le loyer de l’argent est revenu ainsi à son plus haut niveau depuis un peu plus de trois ans et demi.

Or les banques et autres établissements de crédit empruntent auprès des banques centrales de leurs pays respectifs suivant le taux fixé par la BCE. Elles répercutent ensuite ce taux sur les intérêts des crédits qu’elles accordent à leurs clients.

Dans l’immobilier, les professionnels s’attendent également à un freinage en douceur.

“Le haut de cycle semble proche mais les prix ne sont pas clairement surévalués (…) Le vrai danger vient des taux d’intérêt. Les taux de crédit habitat devraient remonter mais assez modérément”, prévoit Olivier Eluère, économiste au Crédit Agricole.

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L’évolution du taux d’intérêt de la BCE

“Au total, le scénario le plus probable reste celui d’un freinage graduel du marché”, ajoute-t-il.

Pour les crédits immobiliers, ce sont en effet les taux longs qui servent de référence à la fixation des taux d’intérêt consentis aux particuliers. Dans la foulée de la décision de la BCE, le taux long à dix ans est ainsi remonté à 3,97%, contre 3,23% au début de l’année.

“La phase de taux exceptionnellement bas est en train de se terminer. Nous anticipons une hausse d’au moins 0,20 point des taux immobiliers d’ici fin septembre”, affirme Christophe Cremer, président du courtier en ligne Meilleurtaux.

Par exemple, pour un emprunt à taux fixe sur 15 ans, porté par un “bon dossier”, le taux d’intérêt était de 3,30% début 2006. Passé à 3,65% fin juin, il devrait remonter à 3,85% fin septembre pour atteindre 4 à 4,10% en décembre, soit son niveau de la fin 2004.

“Pour un prêt de 150.000 euros sur 15 ans, les mensualités se montaient à 1.084 euros par mois en début d’année. Actuellement, elles sont à 1.110 euros. Fin septembre, elles passeront à 1.125 euros et en fin d’année 1.144 euros”, détaille M. Cremer.

Soit 60 euros de plus par mois. Pour un ménage, sur 15 ans, le crédit aura donc coûté au total 10.800 euros de plus. Un surcoût non négligeable.

Vu sous un autre aspect, c’est la capacité d’emprunt des ménages (à pouvoir d’achat égal) qui va diminuer: à raison de 1.000 euros de remboursement mensuel, on pouvait emprunter 138.400 euros en début d’année. Fin 2006, ce chiffre tombera à 131.100 euros, soit 7.300 euros de moins.

“Malgré tout, la quasi-totalité des spécialistes s’attendent à ce que la hausse des taux d’intérêt s’arrête là”, assure M. Cremer.

 04/08/2006 17:09:01 – © 2006 AFP