Craignant l’inflation, la Banque d’Angleterre relève ses taux par précaution

 
 
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La Banque d’Angleterre à Londres (Photo : Adrian Dennis)

[03/08/2006 17:07:43] LONDRES (AFP) La Banque d’Angleterre a relevé jeudi son taux d’intérêt directeur de 25 points de base à 4,75%, une mesure surprise motivée par une inflation trop forte, qui ne marque pas le début d’un nouveau cycle de hausse, selon les économistes.

A l’appui de cette décision, le comité de politique monétaire a évoqué d’une part un “rythme d’activité économique qui accélère depuis quelques mois”, et d’autre part une inflation qui a “accéléré à 2,5% en juin, et devrait demeurer au-dessus de la cible des 2% pendant un moment”. Ces deux facteurs rendaient “nécessaire” un resserrement du crédit.

La raison immédiate du relèvement des taux est donc une inflation trop forte, dopée par les prix de l’énergie et qui pourrait avoir un effet domino, même si ces derniers ne se sont pas encore concrétisés de l’avis de la BoE.

Seule une minorité d’économistes britanniques avait anticipé cette décision.

La dernière réunion au mois de juillet s’était conclue sur un vote unanime en faveur du statu quo et la plupart des experts jugeait improbable un retournement de situation si rapide.

“L’hypothèse d’une hausse des taux n’avait même pas été discutée à la réunion de juillet, et il n’y avait pas l’ombre d’un indice concernant une hausse des taux dans les derniers propos publics des membres de la BoE”, a remarqué Audrey Childe-Freeman, économiste à la CIBC.

Même si une hausse avant la fin de l’année semblait acquise, motivée par la reprise de l’économie et les tensions inflationnistes, de nombreux économistes jugeaient les perspectives économiques encore relativement incertaines, et imaginaient que la BoE chercherait à gagner du temps.

“Mais la majorité du comité de politique monétaire semble avoir estimé qu’agir maintenant, par précaution, permettrait d’éviter d’avoir à effectuer plus tard un resserrement monétaire plus brutal”, estime Howard Archer, économiste au cabinet Global Insight.

“+Il vaut mieux prévenir que guérir+, a certainement pensé la BoE. Cela évitera d’avoir à modifier les taux de sitôt”, convient Philip Shaw, économiste d’Investec.

Ce relèvement des taux est intervenu alors que la tendance mondiale est au resserrement du crédit. Mais le réglage monétaire opéré par la Banque d’Angleterre jeudi n’a rien à voir avec la problématique de “fin de l’argent pas cher” observée ailleurs et elle ne remet pas en cause l’équilibre relatif trouvé depuis août 2004 autour du niveau de 4,75%.

Le dernier cycle de hausse des taux en Grande-Bretagne a démarré en novembre 2003, à partir d’un taux directeur de 3,50%. Il s’était achevé en août 2004, les taux culminant à 4,75%. Les taux n’ont varié depuis cette date que dans une fourchette de 25 points de base.

En août 2004, la Fed n’en était qu’au début de son cycle de resserrement et pratiquait des taux bas (1,50% en août 2004, après 1% en juin 2004). En zone euro, les taux stagnaient à 2% depuis juin 2003. Au Japon, ils étaient nuls.

La manoeuvre de la banque d’Angleterre a provoqué le scepticisme de ceux qui estiment que les consommateurs britanniques subissent déjà de nombreux vents contraires et que la reprise économique est fragile.

Sur les marchés financiers, elle s’est traduite par une nette progression de la livre contre dollar et euro, et par un repli du Footsie-100 qui a atteint jusqu’à 1,77%.

 03/08/2006 17:07:43 – © 2006 AFP