La BCE décide une hausse de taux et prépare déjà la prochaine

 
 
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L’évolution du taux d’intérêt de la BCE

[03/08/2006 16:59:04] FRANCFORT (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) a de nouveau resserré les vannes du crédit dans la zone euro afin de faire barrage à des menaces inflationnistes, et elle ne compte pas s’arrêter là, a prévenu jeudi son président Jean-Claude Trichet.

La zone euro, mais aussi la Grande Bretagne et le Danemark : ce jeudi était le jour des hausses de taux directeurs en Europe. L’Afrique du Sud a rejoint également le club et durcit ses conditions du crédit.

Contrairement à la Banque d’Angleterre, dont l’annonce a pris par surprise la majorité des économistes, la BCE avait comme de coutume bien balisé le terrain avant d’annoncer la remontée d’un quart de point à 3% du principal taux directeur, décidée à une “écrasante majorité” par le conseil des gouverneurs, selon Jean-Claude Trichet.

Le Français a de nouveau justifié ce durcissement, le quatrième depuis décembre, par la nécessité de faire obstacle à des dangers d’emballement des prix, alimentés surtout par la flambée des prix du pétrole. Le loyer de l’argent est revenu ainsi à son plus haut niveau depuis un peu plus de trois ans et demi.

Malgré ce nouveau resserrement, “la politique monétaire reste accommodante”, a-t-il jugé lors d’une conférence de presse. Cela signifie qu’à ses yeux, les conditions du crédit demeurent bon marché, propres à encourager la croissance mais aussi à attiser les dangers de dérapage des prix.

“La tendance à la hausse de la conjoncture n’est pas encore menacée (par ce relèvement)”, a réagi le ministre allemand de l’Economie, le conservateur Michael Glos. Mais il a tout de même appelé indirectement l’institut à la modération en se disant confiant qu’il gardera “en mémoire dans ses décisions le fait que la hausse de l’inflation renvoie principalement aux prix de l’énergie provisoirement élevés”.

L’inflation dans la zone euro devrait dépasser cette année comme l’an prochain le seuil de tolérance de la BCE, qui est d’un peu moins de 2%.

Le président de la BCE a de nouveau clairement ouvert la voie à de nouvelles hausses de taux, même s’il a refusé de s’engager sur leurs échéances.

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Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet lors d’une conférence de presse à Francfort, le 3 août 2006 (Photo : Martin Oeser)

Si la reprise économique se poursuit comme le prévoit la BCE, il sera “nécessaire de réduire progressivement le caractère accommodant de la politique monétaire”, a-t-il dit, en clair augmenter les taux.

Des commentaires qui ont fait grimper l’euro au-dessus de 1,28 dollar sur le marché des devises londonien.

“Nos décisions ne sont pas prédéterminées”, a-t-il néanmoins souligné. Elles “dépendent des faits, des chiffres et des évènements”. Ainsi les troubles géopolitiques actuels au Proche-Orient représentent potentiellement un danger pour la croissance mondiale, a-t-il dit.

Depuis décembre, la BCE avait augmenté ses taux tous les trois mois, mais le relèvement de jeudi marque une accélération de la cadence, puisque le dernier geste remonte à deux mois seulement.

Pour bon nombre d’économistes, la BCE va tenir la cadence d’un relèvement bimestriel qui portera le principal taux à 3,50% fin 2006. Ils s’appuient sur une analyse du texte de M. Trichet, où chaque mot est soigneusement pesé.

Le conseil des gouverneurs va continuer à “surveiller de très près” les risques de dérapage des prix, a-t-il déclaré.

Le “très” est essentiel dans la phrase et suggère, si la BCE s’en tient au code verbal employé jusqu’ici, “que la prochaine hausse aura lieu dans deux mois”, souligne Matthew Sharratt, analyste à la Bank of America.

Pour la majorité des économistes, la BCE devrait arrêter son cycle de hausse à la fin 2006. Car le ciel s’assombrit déjà pour l’économie, qui va souffrir en 2007 d’un ralentissement de la croissance mondiale et va devoir digérer la forte augmentation en Allemagne de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA).

 03/08/2006 16:59:04 – © 2006 AFP