Londres affronte à la fois cherté de l’énergie et pannes de courant

 
 
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Big Ben dans le pénombre lors d’une coupure de courant, le 28 août 2003 à Londres (Photo : Nicolas Asfouri)

[28/07/2006 14:19:24] LONDRES (AFP) Les Londoniens ont dû affronter cette semaine à la fois l’annonce de nouvelles hausses massives des prix du gaz et de l’électricité dans le pays, et des coupures de courant de plusieurs heures dans le principal quartier commerçant de la ville.

Des milliers de clients d’EDF Energy, filiale britannique d’EDF (Electricité de France), ont fait face jeudi à des coupures de plusieurs heures, dans le quartier de Soho, Picadilly Circus, Regent Street et Oxford Street, un des plus animés de la capitale, particulièrement fréquenté par les touristes en cette période de soldes.

L’importante station de métro d’Oxford Circus a été fermée pendant une heure et demie.

EDF Energy a imputé le problème à “une série de défauts d’approvisionnement hautement inhabituelle, aggravée par la forte pression causée sur le réseau par la persistance de la canicule”: peu habitués aux températures record actuelles dans la capitale, les Londoniens font en effet marcher à fond la climatisation dans les bureaux et les commerces.

Vendredi, après une nuit de travail, EDF espérait tout au plus “éviter de nouvelles coupures d’électricité” dans le secteur, mais jugeait encore “important” le risque de pannes.

Pour Richard Dodd, porte-parole du consortium britannique du commerce de détail, le montant des pertes est encore difficile à estimer, mais pourrait atteindre “des millions de livres” (une livre = 1,5 euro environ), car “l’été, avec les touristes, est une des périodes de plus grosse activité, avec Noël”.

M. Dodd a indiqué à l’AFP que le consortium demanderait des dédommagements à EDF Energy, s’il s’avérait que les pannes étaient dues à des fautes de l’opérateur.

Il a surtout vu “une sorte d’ironie” à ce que ces problèmes arrivent trois jours après l’annonce par EDF Energy d’une deuxième vague de hausse de ses tarifs cette année, de 19% pour le gaz et de 8 à 9,1% pour l’électricité.

De son côté, le premier distributeur d’énergie au Royaume-Uni, Centrica, a annoncé jeudi une troisième augmentation en un an de ses propres tarifs, conséquence de la flambée des prix de gros du gaz qui a fait plonger ses résultats dans le rouge au premier semestre.

Centrica va augmenter les tarifs de sa filiale British Gas de 12,4% pour le gaz et de 9,4% pour l’électricité en septembre, après avoir déjà augmenté les deux de 22% en mars. Outre EDF Energy, les quatre autres principaux fournisseurs du pays avaient aussi augmenté leurs prix en début d’année.

L’Ofgem, le régulateur du secteur, assure que l’ouverture du marché à la concurrence a fait baisser les prix, mais les hausses surprennent encore, surtout comparées à des pays comme la France où l’électricité est à 80% d’origine nucléaire, contre 19% seulement au Royaume-Uni.

Pour pallier ces hausses, l’Ofgem incite surtout les Britanniques à faire jouer la concurrence en changeant de fournisseur. En mars, quelque 900.000 ménages l’avaient écouté, opérant un jeu de chaises musicales entre les prestataires.

Les Londoniens font, dans le même temps, face à des restrictions sur l’utilisation de l’eau à cause de la sécheresse, alors que le principal distributeur de la capitale, Thames Water, a dépassé pour la quatrième année d’affilée les limites tolérées par le régulateur Ofwat pour les fuites sur ses canalisations.

Thames Water n’en a pas moins lui aussi copieusement augmenté ses tarifs, tout en affichant en outre, contrairement à Centrica, des bénéfices en forte hausse.

Les économistes soulignent régulièrement que les Britanniques sont étranglés par leurs factures, ce qui explique en partie, selon eux, que la consommation des ménages soit devenue le maillon faible de l’économie du pays après avoir été le moteur de sa croissance.

 28/07/2006 14:19:24 – © 2006 AFP