L’Italie ouvre ses portes sans restriction aux travaillleurs étrangers

 
 
SGE.STG97.210706155817.photo00.quicklook.default-245x163.jpg
Des employés d’une usine Fiat de Turin assemblent des Punto, le 26 mai 2006 (Photo : Giuseppe Cacace)

[21/07/2006 16:01:43] ROME (AFP) Le gouvernement italien a opéré vendredi un revirement de la politique d’immigration héritée de l’ère Berlusconi, ouvrant sans restriction le marché du travail aux nouveaux citoyens de l’Union européenne et accueillant plus largement les immigrés “extra communautaires”.

Comme il s’y était engagé, le gouvernement de gauche de Romano Prodi a décidé de régulariser le demi-million d’immigrés travaillant illégalement en Italie, soit 350.000 de plus que le quota fixé par le précédent gouvernement pour l’année en cours.

Il a en revanche créé la surprise en décidant par décret la suppression de toute restriction à l’entrée des travailleurs issus des pays de l’Est récemment intégrés dans l’UE, confirmant ainsi son orientation délibérément pro-européenne.

Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a aussitôt félicité l’Italie pour sa décision, et le commissaire aux Affaires sociales Vladimir Spidla a estimé qu’elle “va profiter à l’économie italienne et au pays en entier”.

L’Italie devient ainsi le huitième des Quinze anciens Etats membres à lever toutes les restrictions en l’encontre des travailleurs de l’Est, après le Royaume-Uni, l’Irlande, la Suède, l’Espagne, le Portugal, la Finlande et la Grèce. Les sept autres Etats membres ont jusqu’en 2011 pour faire de même.

“Finalement il est possible d’être Italien en Pologne et Polonais en Italie tout en étant des citoyens européens ayant les mêmes droits”, a commenté le ministre de l’Intérieur Giuliano Amato.

SGE.STG97.210706155817.photo01.quicklook.default-245x168.jpg
Le Premier ministre italien Romano Prodi (G) et le ministre de l’Intérieur Giuliano Amato à Rome, le 23 mai 2006 (Photo : Andreas Solaro)

Le ministre a aussi justifié la régularisation de 350.000 travailleurs clandestins supplémentaires par le fait que toutes les demandes de régularisation se valaient.

En mars dernier, 517.000 étrangers travaillant illégalement en Italie s’étaient bousculés devant les bureaux de poste pour déposer leur dossier et faire ainsi partie du quota de 170.000 permis de travail fixé par le gouvernement pour 2006.

L’Italie a mis en place en 1998 une politique des quotas migratoires qui a été durcie sous le gouvernement de Silvio Berlusconi avec la loi dite “Bossi-Fini”. De nombreux secteurs économiques dont l’agriculture jugeaient les quotas fixés trop restrictifs tandis que la gauche faisait valoir qu’ils favorisaient le travail illégal.

En outre la loi impose à un étranger d’être encore dans son pays pour déposer une demande d’autorisation de séjour, mais en fournissant un contrat de travail, une disposition jugée absurde et inapplicable.

M. Amato a souligné que les nouvelles mesures entraient dans le cadre de la loi, qui prévoit la possibilité de nouvelles régularisations “en cas de nécessité”. Mais il a réaffirmé son engagement à changer la loi.

Le ministre a ainsi récemment annoncé son intention d’améliorer les conditions de renouvellement des cartes de séjour, de faciliter l’accès à la citoyenneté italienne et de revoir le fonctionnement des centres de rétention pour immigrants illégaux.

L’Italie a été longtemps un pays d’émigration et la tendance s’est inversée seulement depuis quelques années. Elle compte environ 60 millions d’habitants, dont trois millions d’immigrés, selon les estimations. Ceux-ci trouvent assez facilement du travail dans un pays vieillissant où le taux de natalité (1,25 enfant par femme) est un des plus faibles de l’Union européenne.

Le décret adopté vendredi par le conseil des ministres comporte une mesure symbolique: il rétablit pour les familles immigrées la prime à la naissance de 1.000 euros que Silvio Berlusconi avait décidé de réserver aux seuls Italiens.

 21/07/2006 16:01:43 – © 2006 AFP